
Expatriés, il est toujours temps de bouger

Chez BNP Paribas Personal Finance, qui emploie une centaine d’expatriés dans ses 33 pays d’implantation, la crise sanitaire n’a pas freiné les mobilités internationales. Depuis le début du mois de mars, les retours d’expatriation programmés se sont déroulés au mieux, compte tenu des contraintes en vigueur. « La dizaine de départs prévus ont également bien eu lieu, même si certains ont dû être décalés à cause de la fermeture des frontières », ajoute Delphine de Mailly Nesle, la responsable people strategy & leadership development. Même constat du côté de la Banque Transatlantique, qui compte une dizaine d’expatriés sur la centaine de collaborateurs employés dans dix grandes métropoles mondiales. « La crise sanitaire n’a pas perturbé la gestion de nos mobilités, à une exception près : une collaboratrice expatriée à Londres devait basculer sur un statut de ‘commuteur’ et partager la moitié de son temps entre la France et l’Angleterre. Les restrictions de circulation et les quarantaines nous ont contraint à la rediriger uniquement sur le marché français », note Vincent Joulia, membre du comité exécutif de cette filiale du CIC.
La pandémie a aussi incité les directions des ressources humaines (DRH) à renforcer la vigilance sur la protection sociale de leurs expatriés. « Nous nous sommes assurés auprès de notre prestataire que tout le monde était couvert en cas d’hospitalisation ou de décès, confirme Julie Cogne, gestionnaire de carrière dédiée aux expatriés chez BNP Paribas Personal Finance. Comme ce n’était pas le cas dans certains pays d’Amérique latine, nous avons dû ajuster nos couvertures. » Sur le terrain, les expatriés ont, eux, vu leur vie changer du tout au tout. « Au Mexique, nous avons eu la chance de voir l’épidémie arriver. Nous nous sommes donc équipés très tôt de masques et de gel hydroalcoolique, et dès le 1er avril, nous avons placé l’ensemble de nos 550 collaborateurs en télétravail », raconte Cédric Desplats Redier, 48 ans, chief executive officer (CEO) de BNP Paribas Personal Finance au Mexique, qui a dû aussi revoir ses priorités. « Habituellement, mon rôle consiste à me projeter à moyen terme en m’appuyant sur un ‘business plan’ à trois ans avec un niveau d’incertitudes relativement faible. Depuis le mois de mars, je passe mon temps à concevoir des plans d’actions qui visent à déterminer ce que l’on va faire le mois prochain… » Sur le plan personnel, le quotidien des expatriés a été bouleversé. « Du jour au lendemain, New York, une ville habituellement bouillonnante, s’est quasiment arrêtée, raconte Pascal Le Coz, 54 ans, directeur de la Banque Transatlantique aux Etats-Unis. Toutes les interactions sociales avec les amis, au club de tennis, ou en tant que conseiller du commerce extérieur ont disparu. » Aujourd’hui encore, même si le confinement s’est un peu allégé, la vie n’a pas repris son cours normal. « Les écoles, les cinémas et les salles de concerts sont toujours fermés, note ce dirigeant en poste à New York depuis 2009. Les restaurants ont le droit d’ouvrir en terrasse et à 25 % de leur capacité en intérieur, mais ils sont presque vides car les nombreux New-Yorkais qui ont quitté la ville pour se mettre au vert pendant le confinement ne sont toujours pas revenus. »
Atténuer l’isolement
Sur le plan professionnel, la situation reste tout aussi incertaine. Au Mexique, Cédric Desplats Redier a enclenché un retour progressif de ses équipes dans les locaux début septembre, 20 % seulement des 400 collaborateurs du siège ayant repris le chemin du bureau. « Afin de sécuriser l’environnement de travail, tous nos collaborateurs doivent prendre leur température et changer de masques quatre fois par jour. Nous respectons également scrupuleusement une distance de 1,50 m entre chaque poste de travail. » La crise sanitaire a enfin eu pour corollaire d’empêcher nombre d’expatriés de rentrer en France cet été. Pour atténuer un sentiment d’isolement chez ses expatriés, la Banque Transatlantique a ouvert à ses équipes internationales des réunions Skype autrefois réservées à un public limité. « Nous organisons aussi régulièrement des rendez-vous intitulés ‘Vis ma vie d’expat’ durant lesquels nos collaborateurs en Asie, en Europe ou en Amérique du Nord nous racontent comment ils traversent cette crise, ajoute Vincent Joulia. Dans l’autre sens, nous proposons des rendez-vous ‘What’s Up Paris ?’ qui nous permettent d’informer les expatriés des évolutions au siège. » Cédric Desplats Redier assure ne pas avoir ressenti cet isolement. « Lorsque vous êtes responsable de la sécurité de 550 collaborateurs et que vous traversez une telle crise, vous ne pouvez pas vous permettre de prendre de mauvaises décisions. Cela génère donc beaucoup de stress, mais cela vous oblige aussi à travailler énormément, entre 14 heures et 15 heures par jour, y compris le week-end. Vous n’avez donc pas le temps de gamberger… »
Chez BNP Paribas Personal Finance, la pandémie ne devrait pas se traduire par une diminution des mobilités sur le long terme. « Cela fait partie de notre stratégie de détacher dans nos implantations des cadres dirigeants connaissant déjà notre univers sur des postes de directeur général (CEO), directeur des opérations (COO) ou directeur des risques (CRO)… Ils ont d’ailleurs joué un rôle clé pour nous permettre de traverser au mieux cette crise dans nos différentes géographies », note Delphine de Mailly Nesle. A la Banque Transatlantique, la réflexion est tout autre. « Ce n’est pas la pandémie qui va nous inciter à diminuer la présence d’expatriés dans nos implantations. Ce sont les contraintes sur l’obtention des visas de travail dans de nombreux pays qui vont probablement nous inciter à privilégier de plus en plus des Français ou des francophones déjà installés dans le pays. Une tendance que nous avons initiée bien avant la crise sanitaire », conclut Vincent Joulia.
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