Donald Trump reste le meilleur allié des banques américaines

Comme lors de son premier mandat, le vainqueur de l'élection présidentielle américaine promet au secteur une vague de dérégulation. De quoi accentuer la distorsion de concurrence avec les banques européennes. L'éditorial d’Alexandre Garabedian.
Directeur de la rédaction
EditoGarabedian
Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L'Agefi  - 

Tout Wall Street a applaudi mercredi à la victoire de Donald Trump, mais l’on a dû sabler le champagne dans les banques américaines. Citi, JPMorgan ou encore Goldman Sachs ont fait des étincelles en Bourse à l’annonce des résultats du scrutin, et pas seulement parce que le succès net et sans bavure du prochain président écarte tout risque de tensions politiques à court terme. Profitant comme toutes les entreprises de la perspective d’une baisse du taux d’impôt sur les sociétés, ces mastodontes entrevoient aussi une nouvelle ère de dérégulation bancaire. Une bonne nouvelle à court terme alors que des fonds d’investissement comme Apollo et KKR leur taillent des croupières sans avoir à supporter les mêmes contraintes en capital. Elle s’accompagnerait d’un grand coup de balai à la tête des agences fédérales chargées de surveiller les acteurs de la finance.

Partisan déclaré du laisser-faire en la matière, Donald Trump avait déjà détricoté lors de son premier mandat une partie des règles votées par l’administration Obama dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers. La supervision avait été recentrée sur les plus grandes banques, et offert davantage de liberté aux établissements de crédit régionaux qui abondent aux Etats-Unis. Ce laxisme à la mode Trump 1.0 a contribué à la mini-crise de mars 2023, déclenchée par la chute de Silicon Valley Bank. Pas assez gros, le prêteur californien à la gestion financière calamiteuse était passé sous les radars des autorités de tutelle.

Pour corriger le tir, la Réserve fédérale comptait imposer un cadre plus exigeant aux établissements de crédit, à l’occasion de la transposition aux Etats-Unis des dernières normes du Comité de Bâle, l’instance internationale qui élabore les exigences en capital du secteur. L’intense lobbying des banquiers américains, campagne de publicité à l’appui, a d’abord conduit la Fed à revoir cet été sa copie dans un sens moins restrictif. C’est encore trop aux yeux des JPMorgan et autres Bank of America, qui peuvent espérer l’abandon complet du projet sous le second règne de Donald Trump. La rupture de l’équité concurrentielle avec les banques européennes, censées mettre en œuvre dès l’an prochain les règles finales du paquet Bâle 3, serait alors consommée.

A lire aussi: SVB, un candidat tout désigné au «bank run»

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...