
Des assureurs flirtent avec la limite de solvabilité

D’un point de vue «réglementaire», tout va plutôt bien. La solvabilité des assureurs, en intégrant les mesures transitoires et la provision pour participations aux excédents (PPE) baisse mais reste solide malgré les taux bas et négatifs. Selon la Fédération française de l’assurance (FFA), le ratio de couverture du SCR (niveau de capital nécessaire à la continuité d’activité) des assureurs vie et mixtes s'élève à 225% à fin 2020 (en baisse de 34 points) et celui des assureurs non-vie à 265% (en baisse de 5 points). Pour les acteurs de l’assurance vie et de l'épargne retraite, la solvabilité est chahutée (AG2R La Mondiale perd 41 points en 2020, Crédit Agricole Assurances 36 points, Macif 21 points (avec l’intégration d’Aviva France), CNP Assurances 19 points) mais elle tient le coup et reste dans une zone confortable aux alentours de 200%.
Sans prendre en compte les deux amortisseurs (PPE et mesures transitoires), la situation est moins rose, constate le site de conseil et d’information Castom dans une analyse sur 44 assureurs représentant l’essentiel du marché. «Le niveau de solidité financière 'économique’ (hors PPE et mesures transitoires notamment) du marché français de l’assurance épargne retraite semble plus dégradé que ne le montrent les ratios de solvabilité règlementaires», affirme Romaric Chalendard, actuaire et président de Castom.
Une quinzaine d’assureurs sous les 150% sans la PPE
Précisément, près d’un tiers des entreprises analysées, soit une quinzaine, présentent un ratio de solvabilité «hors PPE» inférieur à 150%, dont CNP Assurances, Cardif Assurance Vie, Allianz Vie. Et cinq assureurs dont Sogecap et Aviva Vie, pourraient être sur la corde raide avec des ratios de solvabilité inférieurs à 120% sans le dispositif de PPE. La possibilité d’intégrer partiellement (70%) la provision pour participation aux excédents est arrivée au bon moment, fin 2019, en apportant un matelas de 55 milliards d’euros aux assureurs (+53 points de solvabilité en moyenne), selon les données de Good Value For Money. Mais «la PPE appartient aux assurés, et nous estimons pertinent de la retirer des fonds propres éligibles Solvabilité 2 pour une vision plus économique de la solidité financière», défend Romaric Chalendard.
Quant aux mesures transitoires «qui ne présentent pas de fondement économique», selon Castom, un quart du panel en bénéficie, ce qui renforce leur ratio de solvabilité de 80 points en moyenne. Les deux mesures ont des effets croisés qui rendent difficiles, à la lecture des rapports des assureurs, l’estimation d’un ratio de solvabilité auquel serait soustraites à la fois PPE et les mesures transitoires.
Pour renforcer leur bilan, plusieurs compagnies ont procédé à opérations financières. La Mondiale a réalisé par exemple deux émissions de titres subordonnés pour un milliard d’euros. CNP Assurances a effectué des émissions nettes de dettes subordonnées pour 500 millions d’euros, et Mutex pour 200 millions d’euros. Cette année, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) va mener «une surveillance renforcée de la solvabilité» des principaux assureurs et des stress tests pour toute la place seront menés conjointement avec l’Autorité européenne des assurances et pensions (Eiopa).
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