
Credit Suisse continue à se financer au prix fort

Pour Credit Suisse, 2023 commence de la même manière qu’a fini 2022. Le groupe doit payer le prix fort, et offrir plus que ses concurrents, pour se financer sur les marchés de la dette.
La banque suisse, engagée dans une complexe restructuration de ses activités et de son bilan, a levé le 4 janvier pour 3,75 milliards de dollars (3,56 milliards d’euros) d’obligations en deux tranches. Pour ces titres seniors non sécurisés remboursables dans deux ans et cinq ans, il lui a fallu proposer un rendement supérieur de 370 points de base à celui des emprunts d’Etat américains de même maturité. Ce qui la conduira à payer un coupon de 7,95% pour les titres à 2 ans et 7,50% pour ceux à cinq ans. En novembre, juste après l’annonce de son plan de redressement et d’une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses (4 milliards d ‘euros), le groupe avait même dû payer plus de 9% pour émettre en dollar.
Même punition sur le marché du sterling, où Credit Suisse a lancé jeudi matin un placement de 500 millions de livres d’obligations à trois ans en offrant une marge de 435 pb au-dessus des Gilts. Les titres ont finalement trouvé preneur à un spread resserré à 425 pb, soit un rendement de 7,8%.
Le groupe fait pâle figure à côté de ses concurrents, qui se financent à des conditions bien meilleures. Le même jour, la banque japonaise Nomura levait des dollars à cinq ans à une marge de 200 pb. Quant au Crédit Agricole, il proposait jeudi matin des obligations senior preferred en dollars, mieux classées que les seniors non sécurisées dans la hiérarchie des créanciers, à une marge de 165 pb à cinq ans.
Dans le contexte de remontée des taux, ces écarts peuvent peser lourd vu les montants en jeu. En 2022, Credit Suisse a levé environ 26 milliards de francs de dette à moyen long terme, pour 17 milliards de tombées. Cette année, le groupe verra 21 milliards de dette – y compris des titres de quasi-capital – arriver à échéance.
Comme Deutsche Bank depuis deux ans, Credit Suisse devra présenter les preuves de son redressement pour retrouver des conditions de financement plus favorables. D’autant que sa restructuration, qui prévoit une scission de sa banque d’investissement, est jugée difficile à mettre en œuvre. Les doutes sur la situation financière du groupe avaient aussi provoqué en septembre et en octobre des retraits massifs dans les activités de gestion de fortune, qui se sont atténués depuis.
Plus d'articles du même thème
-
Harvest commence à sortir du bois après sa cyber-attaque
Sonia Fendler, directrice générale adjointe chez Harvest, est intervenue à la Convention annuelle de l’Anacofi, quelques jours après s'être exprimée lors d'une réunion organisée par la CNCGP. Elle a donné des premiers éléments d’explications sur l’origine de la fuite de données et confirmé que la période d’indisponibilité des services ne sera pas facturée. -
La loi de finances 2025 a laissé aux banques un sentiment aigre-doux
Par souci de justice fiscale, la loi de Finances 2025 a apporté un certain nombre de modifications dont plusieurs touchent les banques de façon directe ou indirecte. Certaines dispositions ne sont pas à l’avantage du secteur bancaire mais d’autres sont plutôt bénéfiques. Zoom sur deux exemples concrets. -
Thomas Labergère (ING): «Il faut réconcilier le citoyen avec l'économie et la finance»
A l'occasion de l'événement Banques 2030 organisé le 27 mars par L'Agefi, Thomas Labergère, le directeur général d'ING en France, évoque les mesures nécessaires pour promouvoir la compétitivité des banques européennes.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions