
Chercher sa voie, trouver sa voix

«Were you silent or were you silenced ?» : cette question d’Ophrah Winfrey posée à Meghan Markle après que l’ex-duchesse de Sussex et le prince Harry ont quitté leurs fonctions royales avait suscité un sourire viral sur la toile. Pourtant, derrière cette anecdote médiatique se cache une réflexion profonde, applicable à de nombreux aspects de la vie professionnelle, notamment dans le domaine de la finance. A-t-on vraiment gardé le silence dans certaines situations par choix délibéré ? ou est-ce le fruit d’années de musellement qui nous ont poussés à nous autocensurer ?
Les femmes professionnelles de la finance que j’ai eu l’occasion de croiser ou d’interviewer, pointent souvent une difficulté à imposer leur voix face à leurs collègues masculins lors des réunions. Mais d’où cette (auto)censure puise-t-elle ses racines ?
Si dans les enceintes académiques, on nous apprend à chercher sa voie, le plus difficile est de trouver sa voix. L’arrivée dans le monde du travail s’accompagne souvent d’une désillusion, un certain conformisme aux structures de pouvoir ou des normes sociales restrictives. Conformisme auquel nous ne sommes pas préparés.
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Des mécanismes qui s’installent dès les premières expériences
Une senior banker m’a récemment raconté avoir reçu, au début de sa vie professionnelle, une remarque qui l’a marquée pour le restant de sa carrière. «Les stagiaires ont maintenant de l’assurance» lui avait lancé ironiquement un collègue quand elle avait pris la parole. Remarque à laquelle sa manager avait rétorqué «tu ne dis pas ça quand ces mêmes mots sortent de la bouche de Hugo». Ainsi, jeune stagiaire elle prenait conscience de cette différence de traitement qu’elle n’avait pas connue lors de ses années d’études brillantes à HEC, où la devise est «Apprendre à oser». Le musellement du monde du travail contraste avec une liberté d’expression encouragée dans les enceintes académiques.
Cette assurance, il faudrait la doser. Mais quelle injonction suivre ? S’il faut la revoir à la baisse, il faut parfois la revoir à la hausse. Un article de Bloomberg News relatait que même les femmes haut placées, comme la trader Beth Hammack de Goldman Sachs – une banque américaine qui n’a jamais connu de femmes à sa tête - font face à des critiques à peine voilées sur leur manque de «swagger» ou d’assurance. Trop peu d’assurance et elles sont considérées comme ne convenant pas aux standards ; trop d’assurance et elles risquent d’être perçues comme trop ambitieuses, lit-on dans l’article.
Que l’on soit une jeune stagiaire pleine d’assurance ou une manager chevronnée, traçons notre voie, et cultivons notre voix !
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