
Assurance, la blockchain doit faire ses preuves
La blockchain dans l’assurance, on en parle depuis deux ans. Et ces derniers jours à l’Insurtech Business Week. La solution Fizzy, développée par la start-up lilloise Utocat, avec et pour Axa, est souvent citée en exemple. Cette couverture des retards d’avions repose sur un smart contract qui indemnise l’assuré s’il y a plus de deux heures d’écart entre l’arrivée effective du vol et l’heure prévue, inscrite dans ses lignes de code. Les assureurs travaillent avec des start-up (Stratumn, Monuma, etc.) pour développer des applications adaptées à leurs métiers. CNP Assurances vient ainsi de lancer un POC (proof of concept) avec moins de coûts externes à la clé, mais surtout des objectifs de qualité de services et de baisse des risques.
En juin, le cabinet Simon-Kucher Partners mettait en valeur un usage de la blockchain dans l’assurance paramétrique et prévenait : « Même si les applications sont initialement orientées B2B (entreprises, NDLR), il est nécessaire d’anticiper l’extraction de valeur d’un point de vue B2C (particuliers, NDLR). » Les assureurs pourraient y trouver des gains de productivité, une réduction des erreurs et fraudes, comme une amélioration de l’expérience client.
Expérimentation
D’autres exemples existent, telle que la plate-forme de La Parisienne Assurances, destinée aux courtiers, pour automatiser tarification, souscription et paiement des sinistres. Intervention de plusieurs acteurs, volumes importants, besoin de traçabilité, processus complexes, etc. : tout dans le secteur plaide pour l’adoption de la blockchain. La Fédération française de l’assurance (FFA) a mené une expérimentation, fin 2017, avec 14 de ses membres afin d’optimiser les échanges quotidiens de données entre assureurs, pour les résiliations. Depuis, aucune industrialisation n’a été annoncée. Les initiatives mutualisées n’ont pas encore fait leur preuve. Ainsi l’entreprise de services B3i, avec Munich Re, Swiss Re, Aegon, Allianz ou Covéa, n’a toujours pas atteint son objectif « d’élaborer des normes et des procédés pour toute l’industrie ».
Tous les acteurs ne sont pas convaincus de l’usage immédiat de la blockchain. « Nous avons lancé un pilote il y a deux ans, explique Jean Boucher, directeur de l’expérience client, de l’intelligence artificielle et du big data d’Allianz France. L’objectif était de maîtriser la technologie et ses applications possibles. Nous ne croyons pas en une diffusion rapide de celle-ci venant bouleverser les fonctions clefs de notre chaîne de valeur. Au-delà de la blockchain, nous pensons qu’une utilisation avancée des données aura de nombreux impacts : la simplification des parcours client et des ‘process’ internes, une meilleure connaissance du client, de ses risques et la personnalisation de la relation. Pour cela, nous comptons sur l’utilisation de l’IA, en intégrant aussi des données externes. »
Pour autant, « une utilisation industrielle de la blockchain se fera progressivement après de nombreuses expérimentations et l’accompagnement du législateur », estime Magali Noé, chief digital officer de CNP Assurances. A un horizon de cinq à dix ans.
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