
Arkéa s’éloigne un peu plus de ses projets d’indépendance

Le Crédit Mutuel Arkéa restait muet vendredi sur un prochain départ de son président Jean-Pierre Denis, une information révélée jeudi soir par Le Télégramme de Brest. «Il ne s’agit pas d’une information communiquée par le groupe», a indiqué la banque dans un message interne, sans rien démentir. Mais le groupe devrait bientôt sortir de son silence. Arkéa et les deux fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne (CMB) et du Crédit Mutuel du Sud-Ouest (CMSO) qui le composent tiennent ce lundi leurs conseils d’administration. Au menu, la gouvernance du groupe et des questions sur l’identité du successeur potentiel de Jean-Pierre Denis.
Avec le départ de Jean-Pierre Denis, 60 ans, c’est une page de l’histoire d’Arkéa qui se tourne, et sans doute avec elle les velléités de sécession de la banque. L’homme avait formé à partir de 2008 un tandem efficace avec Ronan Le Moal, jusqu'à ce que ce dernier quitte le groupe il y a un an. Très vite, l’ex-collaborateur de Jacques Chirac à l’Elysée a poussé Arkéa sur la voie de la diversification mais aussi de l’indépendance vis-à-vis du reste du Crédit Mutuel. Les tensions anciennes entre les pôles breton et alsacien du groupe se sont muées en guérilla judiciaire, tandis qu’Arkéa présentait à la Banque centrale européenne (BCE), son superviseur bancaire, un projet de scission.
Depuis, Jean-Pierre Denis avait essuyé plusieurs revers. Le projet d’indépendance s’est enlisé à la BCE et au gré des décisions de justice défavorables. Le dirigeant n’est pas parvenu à changer les statuts d’Arkéa en société à directoire et conseil de surveillance, un projet qui a contribué au départ de Ronan Le Moal. Sa rémunération variable a été jugée non conforme aux principes mutualistes du Crédit Mutuel. Il avait alors pris du recul avec un poste de président non exécutif. «Son absence cette année lors de la présentation à la presse du plan à moyen terme puis des résultats 2020 nous avait surpris», glisse une source interne.
Bien que l'équipe dirigeante emmenée par Hélène Bernicot, directrice générale, ait repris à son compte le projet d’indépendance, le départ de Jean-Pierre Denis risque de lui porter un coup fatal. Des escarmouches avec le reste du Crédit Mutuel se produisent encore, comme en début d’année. Mais les dirigeants de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, Nicolas Théry et Pierre-Edouard Batard, ont récemment tenu des propos conciliants. Le prélude, peut-être, à un armistice définitif.
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