
Vivarte met un terme à 125 ans d’histoire

Vivarte vit ses dernières semaines. L’ancien Groupe André a souhaité entrer en négociations exclusives avec Stéphane Collaert et Laurent Portella, les deux dirigeants de San Marina (propriété de Vivarte jusqu’en 2020), pour leur vendre également Minelli. Les contours financiers de cette opération n’ont pas été dévoilés mais la marque de chaussures était en chute libre. En dépit d’un réseau constitué de 260 magasins répartis dans 14 pays, elle a affiché un chiffre d’affaires 2020 en baisse de 25%, à 93 millions d’euros. La pandémie de Covid-19 a donc une nouvelle fois fait chavirer l’une des enseignes du groupe. Quelques mois plus tôt, La Halle et Caroll ont quitté le portefeuille de marques de Vivarte pour rejoindre celui de Beaumanoir – notamment propriétaire de Cache Cache et Morgan.
Une fois obtenu l’accord de l’Autorité de la concurrence, le groupe dirigé par Patrick Puy n’aura donc plus aucune marque à son actif, alors qu’elles étaient encore au nombre de 24 quinze ans plus tôt. Un coup dur qui vient mettre un terme à une histoire démarrée il y a 125 ans, dans une manufacture nancéienne de chaussures rachetée par Albert Lévy – le créateur du tout premier magasin André.
Détricotage XL
L’ex-Groupe André a très tôt goûté à la recette des LBO. Tout d’abord en étant retiré de la cote par PAI Partners en 2004, puis en rejoignant le portefeuille de Charterhouse en 2007, pour 3,5 milliards d’euros. Mais le groupe enchaîne les croissances externes sous l’impulsion de George Plassat et subit de plein fouet la crise financière de 2008. S’en suit une lente érosion de la distribution physique de prêt-à-porter et un véritable problème lié à l’endettement colossal du groupe. Au total, environ 3,3 milliards d’euros de dettes ont été effacées, jusqu’à aboutir à une vaste conversion des créances en capital en 2019. Opération ayant permis aux principaux détenteurs de titres obligataires Anchorage, Alcentra et Hayfin de devenir majoritaires au capital. Mais le détricotage s’enclenche dès 2016.
Accessoire Diffusion, Defimode, Pataugas, Kookaï, Merkal, André, Naf Naf, Besson, Cosmoparis… une cure d’amincissement qui n’aura jamais suffi à compenser le recul croissant des ventes de prêt-à-porter en boutique. L’imposant réseau physique de Vivarte, véritable handicap à l’adoption rapide du e-commerce, aura eu raison d’un édifice bâti sans réelle colonne vertébrale. La liquidation du groupe sera effective à l’issue du plan de sauvegarde de l’emploi, portant sur les 34 collaborateurs qui évoluaient dans Vivarte Services.
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