
Philippe Ginestet prépare une refonte de l’actionnariat de Gifi

En 1981, Philippe Ginestet ouvrait sa première solderie de 300 mètres carrés en Lot-et-Garonne. Quarante ans plus tard, le patron autodidacte est à la tête de Gifi, numéro un français du discount, et règne sur un empire de plus de 550 magasins représentant près de 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel. Une success story sur le point de prendre un nouveau virage. Selon les informations recueillies par L’Agefi, Philippe Ginestet travaille avec la banque d’affaires Natixis Partners dans l’optique de refondre l’actionnariat du groupe. Le processus n’en est qu’à ses prémices et plusieurs scénarios seraient sur la table. « Des réflexions autour d’une ouverture minoritaire ou majoritaire du capital de Gifi sont menées », souligne un banquier. Le milliardaire prévoirait ainsi de laisser le champ libre à son fils, le directeur général Alexandre Ginestet – lequel pourrait s’appuyer sur des fonds de private equity pour assurer la reprise.
Si le distributeur est entièrement détenu par la famille Ginestet, cela n’a cependant pas toujours été le cas. En 1996, la célèbre enseigne était passée sous LBO en confiant 35% de son capital à Apax Partners et 20% au fonds Partenaires de Lazard (initialement lancé par Jean-Marie Messier, alors associé-gérant de la banque). Dans un souci de réduction de son endettement et de gain de notoriété, elle s’était ensuite introduite en Bourse. Un statut d’entreprise cotée qu’elle quittera une dizaine d’années plus tard, en 2011. Pour certains, l’hypothèse d’un retour en Bourse de Gifi n’est pas exclue, même si ce scénario ne fait pas office de favori.
Intérêt de la famille Zouari
Plusieurs fonds et industriels se penchent actuellement sur le dossier. Régulièrement cité, l’américain Clayton Dubilier & Rice pourrait se positionner. Ce pionnier du capital-investissement est notamment réputé pour sa capacité à s’intégrer dans des configurations actionnariales atypiques. Dans l’Hexagone, il s’était allié à l’autrichien Lutz pour racheter l’enseigne d’équipement de la maison But, en 2016. Il y a deux ans, il avait aussi acquis un tiers du capital du prestataire de services d’inspection d’équipements industriels Socotec, aux côtés du belge Cobepa.
Déjà actionnaire de Picard et d’un nombre important d’enseignes de la distribution en franchise, la famille Zouari porterait aussi un intérêt certain à Gifi. « Mais une position minoritaire aux côtés des Ginestet ne serait pas privilégiée. Les Zouari préféreraient être majoritaires, en intervenant aux côtés d’un fonds d’investissement », croit savoir un proche du dossier.
Il n’en reste pas moins que le ticket d’entrée pour accéder au capital de Gifi devrait être élevé. Selon nos informations, le groupe réalise plus de 150 millions d’euros d’Ebitda et pourrait donc être valorisé sensiblement plus d’un milliard d’euros. Le travail d’une vie pour Philippe Ginestet qui, du haut de ses 67 ans, conserve des ambitions fortes pour son enseigne. Interrogé par LSA en début d’année, il avait précisé vouloir franchir le cap des mille magasins d’ici 2027. Il a aussi crû par croissance externe en reprenant à la barre du tribunal de commerce de Bobigny les magasins Tati en 2017, puis a mis la main sur les chaussures Besson avec l’aide de Weinberg Capital Partners.
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