
Les «jumbo funds» ne connaissent pas la crise

A l’heure où la pandémie de Covid-19 continue de sévir, les levées de fonds des plus gros gérants de private equity affichent une santé insolente. En juillet, CVC avait déjà frappé fort en révélant avoir obtenu la bagatelle de près de 22 milliards d’euros pour son huitième millésime, en seulement six mois de commercialisation. Le gérant paneuropéen avait alors très largement dépassé son objectif initial (fixé à 17,5 milliards d’euros) et en avait profité pour récupérer au passage le statut de plus grand fonds du continent européen.
Une performance qui n’a aujourd’hui plus rien d’exceptionnelle. Selon The Wall Street Journal, Sixth Street Partners a lui aussi bravé le contexte de crise en rouvrant, en avril, la période de souscription de son principal fonds. Avec à la clé un franc succès pour la société de gestion américaine, née en 2009 dans le giron de TPG Capital mais indépendante depuis le début de l’année. Celle-ci est en effet parvenue à amasser 10 milliards de dollars supplémentaires pour son véhicule Tao, qui totalise désormais 22,5 milliards de dollars. Il avait été fermé à la souscription depuis un closing réalisé en 2017, mais vise désormais 24 milliards d’ici fin septembre. Une somme colossale qui ferait entrer ce fonds dans le top 5 mondial des plus gros véhicules de private equity. En 2019 et 2017, Blackstone et Apollo Global Management avaient respectivement empoché 26 et 24,7 milliards de dollars.
L’aubaine du Covid-19
Pour lever autant d’argent en pleine crise sanitaire, Sixth Street Partners a tout d’abord misé sur l’originalité de son approche. Loin d’être cantonné à des investissements en dette (ce qui fut le cas lors de sa création par Alan Waxman, ex-associé de Goldman Sachs, et par neuf autres professionnels), Tao est en mesure d’investir dans toutes les plates-formes : late stage, LBO, infrastructure, CLO, private investment in public equity (Pipe) etc. Sa boîte à outils inclut equity, quasi-equity et dette. En avril, il s’était illustré en injectant 1 milliard de dollars avec Silver Lake dans Airbnb.
Le gérant américain a aussi pu compter sur son track-record, avec un TRI brut qui s’établit à près de 20% au cours des dix dernières années. Mais le succès de cette dernière levée s’explique aussi par le contexte du Covid-19. Avec le nombre croissant d’entreprises en situations délicates, les besoins en fonds propres, en quasi-fonds propres et en dette devraient être grandissants au cours des prochains mois. Une aubaine. Dans l’histoire, les rendements générés par les investissements pendant ou juste après une crise ont toujours été sensiblement supérieurs à ceux réalisés en dehors de ces périodes.
Selon des statistiques du Cepres, récemment reprises dans une étude de Bain & Company, l’un des plus hauts TRI bruts médians des fonds de LBO et de situations spéciales a ainsi été généré en 2009, à 28%. Une performance qui a pu contrebalancer les rendements inférieurs des deals signés avant la crise financière de 2008. Les investisseurs institutionnels de tous bords ne s’y sont pas trompés et devraient continuer à investir massivement dans la classe d’actifs, même si un phénomène de «fly to quality» semble pour l’heure bénéficier aux plus grands fonds de private equity. De quoi donner des idées à Silver Lake, qui a lancé la commercialisation de son sixième fonds au tout début de la pandémie. A ce titre, le nouveau propriétaire de MeilleurTaux (comme l’avait révélé L’Agefi en juillet) aurait déjà levé 15 milliards de dollars sur un objectif de 16 milliards, croit savoir la publication Buyouts. Une crise à l’amertume toute relative.
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