
Les gérants du private equity au chevet de leurs participations

De mémoire d’investisseurs, jamais une crise n’avait autant paralysé l’économie réelle. A quelques rares exceptions, tous les secteurs sont touchés, obligeant l’industrie du private equity à s’adapter. Non sans regrets. Les processus de cession sont repoussés, les projets de build-up renvoyés aux calendes grecques et la communication de crise auprès des investisseurs institutionnels (les clients) hissée au rang d’absolue nécessité. Au même titre que le soutien aux équipes dirigeantes des entreprises en portefeuille. «Un exercice périlleux car nous manquons de visibilité sur les chiffres et sur l’impact de la crise», admet le gérant d’un fonds.
Tous tentent de préserver les fondamentaux de leurs sociétés, quitte à puiser dans les lignes de prêt non tirées. Un cas notamment observé chez Burger King France. La franchise soutenue par Bridgepoint et Groupe Bertrand a récupéré l’intégralité de la ligne de crédit revolving, soit 60 millions d’euros, pour faire face à ses besoins urgents en cash. La situation est inédite. Après avoir fermé au public l’ensemble des restaurants Burger King et Quick dans l’Hexagone, le groupe a aussi suspendu la totalité de ses services drive et de livraison à domicile la semaine dernière. Une mesure également prise dans d’autres pays voisins comme en Espagne, où les 14.000 employés de l’enseigne américaine de fast food (dont la franchise ibérique est détenue par Restaurant Brands International) ont été ciblés par une procédure de chômage technique. Demande refusée par le ministère du Travail espagnol, qui a prétexté l’absence de cas de force majeure et la possibilité de maintenir les services de livraison à domicile. «Nos fonds ont des participations dans toute l’Europe et nous tentons d’accompagner nos dirigeants en les aidant à mieux appréhender les multiples mécanismes de chômage partiel proposés sur le continent, explique l’associé d’un puissant fonds tricolore. Nous leur apportons aussi un soutien moral et n’hésiterons pas, le cas échéant, à réinjecter des fonds propres.»
Le tourisme en première ligne
Chez Ekkio Capital, fonds spécialisé dans le tourisme, la santé et le contrôle/sécurité, nombre de participations sont affectées. «Parmi les dix sociétés composant notre fonds de troisième génération, cinq sont provisoirement fermées», révèle son président Jean-Marc Scéo. Paris Experience Group, qui chapeaute notament l’agence de visites touristiques Paris City Vision et les croisières en bateau-restaurant Paris Seine, est concernée. Sur l’ensemble des sociétés du fonds 3, le chiffre d’affaires 2020 global est attendu en baisse de 25 à 30%. «Dès le 17 mars, nous avons pris des mesures d’urgences de baisses des coûts. Des plans d’économies ont été planifiées et le chômage partiel a été mis en place, confie le gérant. Arnaud Nait-Chalal, notre directeur opérationnel pour la fonction finance, se coordonne avec les équipes de management pour ces travaux » Il y a quelques jours, des projections de trésorerie ont aussi été réalisées pour anticiper les besoins des entreprises, en se basant sur différents scénarios de réouverture. Et «cette semaine, nous allons travailler sur tout le financement, en établissant un plan de contact avec les banques pour chacune des sociétés, en lien avec Bpifrance», détaille Jean-Marc Scéo. Un imposant dispositif dans lequel les établissements prêteurs joueront un rôle décisif. De l’avis des fonds contactés, la plupart des banques sont aujourd’hui prêtes à répondre favorablement à des aménagements pour tenter de remédier aux effets délétères de la crise… si tant est qu’elle reste circonscrite dans le temps.
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