
Isabel Marant et Ba&sh se préparent à changer d’actionnaires

Pour l’industrie française du prêt-à-porter, la situation macroéconomique reste particulièrement tendue. Au cours des sept premiers mois de l’année, les ventes de vêtements ont rebondi mais sont restées inférieures de 13% par rapport à la même période de 2019, selon l’Institut français de la mode. Une situation délicate qui ne décourage pas les marques les plus en vogue, à l’instar d’Isabel Marant. Selon nos informations, la griffe créée par la fondatrice éponyme prépare une refonte de son actionnariat. Dans cette optique, Montefiore Investment, propriétaire de la marque depuis cinq ans, travaillerait avec la banque d’affaires JPMorgan pour organiser sa sortie.
« Le processus de cession n’en est cependant qu’à ses prémices. Les chiffres de vente d’Isabel Marant sont actuellement très bons et Montefiore Investment entend prendre son temps pour présenter des fondamentaux les plus solides possibles », souligne un banquier. L’enchère n’est pas attendue avant l’année prochaine.
En 2021, le chiffre d’affaires de l’enseigne devrait s’ancrer au-dessus de la barre des 200 millions d’euros, pour un Ebitda compris entre 50 et 60 millions. Ses atouts ? Avoir opté dès l’origine pour un positionnement résolument haut de gamme et disposer d’un réseau international de 180 boutiques (composé de structures en propre et de revendeurs multimarques), d’où provient l’écrasante majorité de ses revenus. Portant une vision de la mode « à porter au quotidien », avec un côté à la fois cosmopolite, bohème et urbain, la marque supervisée par Sophie Duruflé et Nathalie Chemouny est considérée comme un « must have » chez les stars. De Kate Moss à Jennifer Garner, en passant par Jessica Alba et Beyoncé, toutes ont porté les articles de mode de la créatrice française au cours des dernières années.
Ba&sh travaille avec Rothschild & Co
Positionnée sur un segment plus grand public, Ba&sh est aussi en train de préparer sa vente. La marque, qui a pour actionnaire le groupe Vog, les deux fondatrices et depuis 2015 L Catterton (cofondé par L Capital, un fonds de Bernard Arnault), est actuellement engagée dans une enchère animée par Rothschild & Co.
« Le groupe table sur 35 millions d’euros d’Ebitda et environ 250 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année. Mais l’objectif est bel et bien d’atteindre 45 millions d’excédent brut dès l’année prochaine », note un proche du dossier. Dans les trois ans, il espère même atteindre les 500 millions d’euros de revenus. Cela en mettant l’accent sur les produits éco-responsables et les ventes e-commerce – lesquelles représentent déjà 30% du chiffre d’affaires, tout comme Isabel Marant.
Des profils asiatiques
Quid des acquéreurs potentiels ? Selon nos informations, des profils asiatiques auraient été contactés dans le cadre du processus de vente de Ba&sh. Le dossier resterait cependant principalement scruté par les fonds, en dépit d’un secteur souvent mal considéré.
« Il y a une forme de prudence de la part d’un certain nombre de fonds d’investissement pour les sujets ayant trait aux entreprises du prêt-à-porter, confirme Arnaud Minvielle, directeur associé senior chez McKinsey. Cette activité BtoC peut être perçue comme plus volatile face aux crises, mais aussi face aux changements de mode, un risque souvent mal appréhendé par les comités d’investissement non spécialisés dans ce secteur. » Ainsi, nombre d’acteurs du non coté excluent d’office ce secteur de leur stratégie d’investissement. Une radicalité que ne partagent pas les équipes ayant conservé une expertise forte en biens de consommation, à l’instar de Bridgepoint, Permira, Cinven, Advent International ou bien encore KKR, malgré les mésaventures récentes de SMCP.
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