Private Equity

Inseec U affronte les conséquences du Covid-19 avec fébrilité

Les écoles de commerce sont notamment confrontées à de fortes incertitudes sur la présence des étudiants étrangers à la prochaine rentrée.
Aroun Benhaddou

On les pensait inébranlables. Portées par la mondialisation de ces dernières décennies, les écoles de commerce ont pleinement tiré profit de l’internationalisation de leurs programmes. Mais depuis mars, la mécanique est grippée. L’Edhec, Skema… plusieurs ont été confrontées à une vague de départ de leurs étudiants étrangers, dont le retour pour la rentrée 2020 semble plus qu’hypothétique. Les écoles consulaires sont concernées, tout comme leurs homologues privées, à l’instar d’Inseec U. Détenu par le fonds britannique Cinven depuis un an, le plus important groupe français d’enseignement supérieur va devoir composer avec cette nouvelle donne.

«Les étudiants étrangers représentent entre 10% et 15% des effectifs», souligne un proche de l’Inseec U. Dans les écoles de commerce françaises, ils étaient 31.000 en 2019 – en progression de 48% ces trois dernières années, selon Campus France. La moitié provient de pays hors Union européenne. Leur absence est redoutée. Quid des délais d’obtention des visas ? De la réouverture des aéroports ? Des mesures de quatorzaine pour les nouveaux entrants ? Aucune réponse à ce jour.

Un problème auquel s’ajoute celui de l’alternance. «Nous ne savons pas l’effet que va avoir le ralentissement économique sur le fait de prendre ou non des apprentis en alternance, c’est un sujet d’inquiétude», soulève Martine Depas, partenaire chez Financière de Courcelles. A l’Inseec U, où les 16 écoles fournissent des formations en management, sciences de l’ingénieur, communication et sciences politiques, près d’un quart des étudiants entreraient dans cette catégorie.

Fragilisé par son endettement

Sous pression, Inseec U est aussi fragilisé par son endettement. Lors du LBO mené par Cinven pour quelque 800 millions d’euros (14 fois l’Ebitda), le groupe avait délaissé la dette portable prévue lors du processus de cession au profit d’une unitranche apportée par Goldman Sachs. Une décision faisant passer l’endettement à 7,5 fois l’Ebitda, soit un tour de plus qu’anticipé. «Mais le levier a depuis gonflé pour atteindre près de 12 fois. L’Ebitda LTM est à 45 millions d’euros», s’alarme un connaisseur du dossier. Des erreurs dans le calcul de l’excédent brut en seraient la cause, entraînant la chute du directeur financier de l’époque. Catherine Lespine, CEO jusqu’en janvier, a quant à elle quitté sa fonction pour des raisons familiales. Le groupe est désormais dirigé par José Milano – ex-DG de Kedge Business School – et Eric Keff.

Contacté, Inseec U n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. Mais si la raison de cette erreur reste inconnue, celle-ci résonne avec l’omission découverte lors de la cession de la participation d’Apax Partners à Cinven. L’intéressement des salariés avait alors été «oublié» dans le calcul de l’Ebitda, et CREA Genève, une des écoles du réseau, présentait des comptes faussés. La rentabilité du groupe avait dû être corrigée, passant de 63 à 57 millions d’euros. «Pour retrouver des marges de manœuvres, Inseec U a cherché à faire appel à un prêt garanti par l’Etat, avant de renoncer et d’opter pour une dette super senior apportée notamment par La Banque Postale et Bpifrance. En parallèle, la tranche second lien verra ses intérêts capitalisés pendant 16 trimestres et la dette TLB n’émettra pas d’intérêt pendant deux trimestres», souffle un prêteur. De quoi soulager le bilan de l’établissement, contraint à redoubler d’efforts pour capter les étudiants à la rentrée 2020.

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