
Cinq grands fonds se penchent sur le devenir d’Infopro Digital

L’opération s’annonce déjà comme la plus importante de l’histoire de la presse professionnelle française. Le propriétaire d’Infopro Digital, le fonds britannique Towerbrook (détenteur de 74% du capital), prévoit de se séparer de sa participation dans les prochaines semaines. Le processus concurrentiel piloté par Morgan Stanley serait animé par cinq fonds, a appris L’Agefi. Trois d’entre eux sont américains : le fonds de pension canadien Omers (propriétaire du groupe français de services de métrologie Trescal), son compatriote Onex Corporation et le new-yorkais Warburg Pincus. Les deux autres émanent du continent européen, à savoir le britannique Cinven – lequel avait notamment racheté le groupe d’enseignement supérieur Inseec en 2019 – et le français Astorg.
«Le processus de cession n’a pas démarré de la meilleure des manières. Le dirigeant d’Infopro Digital, Christophe Czajka, avait initialement cherché à mettre en avant l’aspect numérique de son groupe, pour décrocher une valorisation similaire aux groupes technologiques. Mais aucun acheteur n’était prêt à acheter cette version», estime un proche du dossier. Pour autant, une transaction à plus de 2 milliards d’euros reste envisageable. Le numéro un français de la presse professionnelle afficherait un Ebitda de près de 170 millions d’euros, «or Towerbrook pourrait accepter un deal à 13 fois l’Ebitda», croit savoir un banquier.
De la presse au digital
Au cours des quinze dernières années, le visage d’Infopro a profondément changé. La maison mère de L’usine Nouvelle, de LSA, de L’Argus de l’assurance et du Moniteur a pris le virage du numérique dès 2009, année de la création du département Infopro Data, cellule de récolte et d’exploitation de la data, ainsi que du rachat de Red-on-line, la plateforme de veille réglementaire en hygiène sécurité environnement. L’année suivante, elle lance Atelio Doc, une base de données en ligne pour les garages permettant de réparer des véhicules. En 2015, il rachète l’éditeur belge EBP pour créer la première plateforme digitale internationale de veille d’appels d’offres publics en Europe. Cherchant à endosser le statut de leader européen des marketplaces B2B, elle rachète à Carlyle la plateforme de demandes de devis et de génération de leads Companeo, puis le britannique Barbour ABI.
En parallèle, Infopro Digital (anciennement connu sous le nom d’Infopro Communication) a acquis en décembre 2021 la société française Eventmaker, spécialisée dans la fabrication de logiciels de gestion d’événements physiques et virtuels. Une acquisition suivie un mois plus tard par la revente d’une activité historique du groupe : Les Editions techniques pour l’automobile et l’industrie (ETAI). Des négociations exclusives ont été engagées avec Sophia Communications pour lui revendre l’intégralité de cet éditeur, réputé pour ses livres consacrés aux véhicules roulants et volants, essentiellement lus par des particuliers. Pour l’ETI dirigée par Christophe Czajka, les activités B to C ne sont plus jugées stratégiques. Le cœur du modèle est orienté vers le BtoB, d’où l’importance des événements organisés par le groupe. Mais là aussi, Infopro suit son temps. «Les événements professionnels restent un pilier du groupe, mais ils ont été relégués au second plan par les solutions digitales pour les entreprises», souligne un fin connaisseur de l’organisation.
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