Environ 400.000 entreprises et trois millions de salariés sont à équiper

L’Agefi Actifs. Quelles sont les entreprises que les professionnels du conseil doivent privilégier dans le cadre de l’ANI?
Stéphane Rapelli. -De toute évidence, les petites voire très petites entreprises en sachant qu’il existe des différences selon leur nombre de salariés. On estime à environ 1,27 million le nombre de structures qui emploient entre 1 et 49 salariés en France. Sur ce nombre, un peu plus d’1 million, soit 84 % emploient entre 1 et 9 salariés, soit près de 3 millions de personnes. Plus on descend en taille, moins le taux d’équipement en complémentaire santé est important. Il peut être estimé à 60 % pour les entreprises de 20 à 49 salariés et tombe aux alentours de 45 % pour celles qui ont entre 1 et 9 salariés. In fine, on peut considérer que le marché à conquérir se limite à 400.000 entreprises pour environ 2,9 à 3 millions de salariés, ce qui est important, sans pour autant pouvoir être considéré comme un Eldorado. Au-delà, bien entendu, les assureurs pourront se battre sur le marché des transferts. Enfin, il faut bien être conscient que ces TPE ont souvent des structures de mains d’œuvre spécifiques avec une part plus importante de contrats à durée déterminée que l’ensemble des entreprises, entre 12 % et 13 %, qui rappelons le sont exonérés de la généralisation de la complémentaire santé. A cela se rajoute 20 % environ de temps partiels.

Existe-il des particularités pour les TPE et surtout des différences entre les métiers?
- En effet, le tissu des TPE n’est pas homogène. En premier lieu, il existe de grosses différences selon les métiers. Les TPE qui interviennent dans les secteurs de l’ingénierie, du conseil et qui emploient des professions intellectuelles ou cadres, ont tendance à être plus équipées en complémentaire santé que la moyenne, soit un taux de l’ordre de 80 %. Ces catégories supérieures, qui sont en général plus attentives à leur santé et donc moins malades que la moyenne, sont plus favorisées par les employeurs que les TPE évoluant dans des secteurs où la pénibilité est plus importante. Ainsi, les TPE du commerce ont un taux d’équipement qui se limite à 30 %. Dans ces entreprises, il y a beaucoup de contrats courts ou de CDD. On parle ici de double peine. Plus le travail est difficile, souvent physiquement, moins la couverture est bonne, alors que la probabilité d’être malade s’accroît.
Comment les TPE appréhendent-elles les nouvelles obligations ANI?
- Comme une taxe supplémentaire. C’est en tous cas mon sentiment au travers de mon expérience terrain pour les TPE non équipées. Pour les plus petites structures, de 1 à 4 salariés, il s’agit d’un quasi sentiment de révolte. De là à penser que l’intermédiaire d’assurance qui viendra les démarcher sera considéré comme un percepteur, il n’y a qu’un pas. Sur ces petites entreprises, certains patrons vont même jusqu’à penser à licencier pour éviter des charges supplémentaires sans s’être renseignés sur ces nouvelles obligations. Les professionnels devront faire preuve de pédagogie. Pour les entreprises plus importantes, de 10 à 19 salariés, les employeurs avancent souvent qu’ils sont dans un flou total. L’ANI est impalpable, ils n’en connaissent guère les contraintes. Mais ils commencent néanmoins à entrevoir que ces avantages en matière de collective santé peut rentrer dans le cadre d’une négociation salariale.

Le bien-être et la santé au travail sont-ils une priorité pour les TPE?
- Curieusement, peut-être plus que dans les PME. La santé a un impact immédiat sur l’activité. Plus l’entreprise est petite, plus l’effet loupe est important. Dans une entreprise de 3 personnes, un malade correspond à la perte d’un tiers de l’effectif. Une TPE est souvent gérée comme une quasi famille. Lorsqu’une personne est malade, le patron lui demande de rentrer chez lui se soigner. Voilà pourquoi les TPE ont la plus faible proportion de jours d’absence pour maladie si on la ramène au nombre de jours théoriques travaillés – 1,5 % dans les TPE contre 3,2 % dans les entreprises de 500 personnes et plus. Il s’agit d’une approche informelle et non d’une politique de prévention organisée. Je ne suis pas sûr que les TPE soient d’ailleurs sensibles aux offres des assureurs dans le domaine des actions préventives.
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