Simplifier la complexité ou le défi de l'épure

Visiblement tout le monde ne le sait pas, mais des solutions existent pour mettre à mal la phobie administrative. La première, à l’évidence, est d’éviter les fonctions à responsabilité dans les plus hautes sphères de l’Etat. Une autre voie, davantage versée dans l’intérêt général, est de s’armer contre la tentation et d’aplanir la montagne de textes qui nous gouvernent afin de rendre digestes nos vies de citoyens ordinaires. Ce qui se nomme la simplification administrative.
Une ambition démesurée à l’échelle kafkaïenne où nous sommes parvenus sous les assauts de nos Grands corps et de l’Europe. C’est ce dont s’est pourtant emparé notre gouvernement, comme ceux de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy avant lui, sous le nom du «choc de simplification». Il y a eu des pseudos Grands soirs, des assises également, nous en sommes donc au choc. Sous la houlette du secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat, Thierry Mandon, une dizaine de personnalités forment ce que l’un de nos confrères a intitulé la brigade antipaperasse.
A son actif à ce stade, une cinquantaine de mesures sont dans les tuyaux. Citons parmi les plus saillantes la déclaration sociale nominative en faveur des entreprises, le principe de «silence vaut accord» de l’administration étendu à 1.200procédures, ou encore la simplification de la fiche de paie au 1er janvier 2016. Progrès il y a, mais par exemple sur ce dernier point, le président des experts-comptables de l’Ifec a beau jeu de dire que «réduire le nombre de lignes d’un bulletin de paie ne modifie en rien le coût d’élaboration tant qu’en amont le nombre de caisses et de statuts de salariés engendrant autant de cas particuliers ne changent pas». Et d’ajouter, entre autres, que la véritable simplification en social est la réécriture du Code du travail.
L’argument valant peu ou prou pour les quelque 70 codes nous enserrant, il y a de la marge. Elaguer est parfait à condition de ne pas faire naître en parallèle de jeunes pousses. Pensons, récemment, à l’obligation d’informer les salariés en cas de cession ou à la possible taxation des résidences secondaires. Alors, même si les susdites mesures sont censées économiser 11 milliards d’euros d’ici à 2017, c’est un esprit nouveau qu’il faut inculquer à tous ceux qui nous régentent.
Voici notre mini pierre à l’édifice: plutôt que de recevoir la facture d’un hôpital public portant sur 5,40 euros, la payer par chèque et recevoir enfin une attestation de paiement, évitons les courriers intempestifs à 0,66 centime la lettre afin de rationaliser les budgets de chacun. Créons des accueils accueillants dans les administrations et, surtout, dématérialisons à outrance !
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