Quand l’Europe se délite en un triste pudding

Comment peut-on en arriver là ? L’Europe balbutie et, pire, paraît atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le jeu de dupes que sont en train de nous faire vivre les Anglais est à cet égard sidérant. Dire que nos voisins d’Outre-manche n’ont jamais eu la fibre européenne est un «understatement»… Mais la bataille engagée, avec une démarche de crabe, vers un référendum sur le «yes or no» au maintien dans l’Union met mal à l’aise car c’est l’institution dans son ensemble qui en sort décrédibilisée.
Tous les autres membres ont tenté de trouver un biais, les 18 et 19 février, pour que le Premier ministre britannique puisse, sur un faux-semblant, affirmer à ses compatriotes les avoir fait plier. Passons vite sur le constat que les Anglais ont toujours freiné des quatre fers pour avancer dans un projet construit, y compris bien sûr s’agissant de la zone euro. Là, cependant, non seulement on persiste, mais on enfonce le clou. Résumons-nous. Contrairement aux traités fondateurs, le Royaume-Uni, souligne l’accord tout neuf conclu à Bruxelles, n’est pas impliqué par une «intégration politique plus forte» à l’avenir. La City, quant à elle, au travers de dispositions biscornues, se voit préserver son statut financier hors cadre.
Bref, pour s’en tenir à cela, il faut avoir la mémoire courte pour ne pas percevoir que l’Europe n’avance plus depuis longtemps, mais désormais régresse. Qui se souvient vraiment du projet de Constitution européenne rejeté par la France et les Pays-Bas en 2005, rafistolé à Lisbonne pour aboutir en 2009 ? Comment s’étonner dès lors de l’absence de coordination sociale, fiscale, dans les domaines de la sécurité et même de la défense commune, sans parler de l’énergie ou des technologies de demain ?
Les mauvaises habitudes sont prises, y compris sur les fondements d’une reconstruction durable et respectueuse de peuples amis: ainsi, comment percevoir le prix Nobel de la paix attribué à l’Union européenne en 2012 au jour où des peuples chassés par la guerre affluent sur nos frontières dans la plus grande cacophonie et que la tendance de fond est de restreindre leurs droits ?
Rendez-vous donc, le 23 juin prochain, pour ce référendum «very british». Sauf étincelle de la part de l’un ou l’autre des fils aînés de l’Europe, il ne saurait conduire, du «yes» cadenassé au «no» irréversible, qu’à une nouvelle déliquescence d’une idée pourtant lumineuse.
God save the Old continent !
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