L’homme et la machine en dos-à puce ou en puce-à-dos

Il est tentant d’ériger un mur de Chine entre la culture traditionnelle du conseil et la modernité obsédante du numérique. Les remises en question et les craintes sont telles que l’homme et la machine ne sauraient que s’opposer et rivaliser à la manière des tournois d’antan, c’est-à-dire avec un vainqueur et un vaincu. Les réactions binaires étant rarement convaincantes, ce dos-à-dos et ce puce-à-puce le sont-ils davantage ? L’accélération du phénomène est tellement rapide qu’il est difficile de se prononcer et nous-mêmes nous sommes fait l’écho des doutes et des certitudes vraies ou fausses.
En tout cas, nous y sommes. Selon Eurostat, la France est à la huitième place du numérique mondial quant à son poids dans le PIB, à 5,5 %, loin derrière la Corée du Sud et le Royaume-Uni (10 %), mais devant l’Allemagne (5,3 %), et pour poser un autre jalon, ce secteur représente déjà 3,5 % de l’emploi local avec, à n’en pas douter, une perspective de croissance exponentielle. Dans le cercle de la finance, juge le cabinet d’analyse indépendant Précepta, « entre l’inflation réglementaire, la dégradation des performances et l’accélération de la digitalisation, la transformation des modèles traditionnels est incontournable ». Observant qu’aux Etats-Unis, certaines expériences misent sur la complémentarité entre des robo-advisors, chargés d’élaborer des propositions d’investissement, et des conseillers s’en inspirant pour réaliser leurs missions, il estime que « ces évolutions redéfiniront la mission de conseil, qui sera à l’avenir de plus en plus assistée d’outils d’aide à la décision sophistiqués ».
Une vision complémentaire est apportée par le Boston Consulting Group. Analysant une vingtaine parmi les plus grandes banques mondiales dans son sixième rapport annuel dédié, il constate que « les meilleurs acteurs digitaux et opérationnels génèrent un résultat avant impôt par client 50 % plus élevé que la moyenne ». La résultante d’une automatisation des traitements sur toute la chaîne des opérations croisée avec une meilleure utilisation des données et l’industrialisation des CRM. Viennent en outre les passerelles entre les géants bancaires - ou de tous les univers du conseil - et les inévitables fintechs. Au travers, d’un côté, la puissance des réseaux et, de l’autre, la réactivité et les germes d’inventivité se profile une nouvelle géographie du marché. Au bout du bout, l’intuition et la sensibilité ne pourraient-elles pas vivre en harmonie avec les algorithmes au meilleur bénéfice des clients d’aujourd’hui et de demain ?
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