L’amour du risque n’exclut pas la raison

Les Français apprécient davantage le risque, si, si, si ! Il ne s’agit pas de leurs destinations de loisirs –la Syrie, l’Irak ou la Libye ne font pas encore rêver– ou d’échéances électorales –qui, elles, attendront la fin de l’année pour nous faire cauchemarder–, mais bien de notre domaine de prédilection, le patrimoine, abordé ici dans sa dimension financière. On le subodorait, avouons-le, depuis que le champ des possibles n’a cessé de se restreindre: quel Jean de la lune regarderait, béat, l’éclat de l’immobilier gouverner sans faille la prochaine décennie ou se laisserait bercer par le traître sourire de l’obligataire, entre autres appâts à croquer ?
Il faut donc vaincre ses appréhensions et, toutes choses égales par ailleurs, oser. Une étude de Natixis Global Asset Management parue à la rentrée évoquait l’acceptation plus forte, chez nos compatriotes, d’une «prise de risque raisonnée». Partant d’une estimation pour le moins réaliste que, selon une majorité d’entre eux, le niveau d’un placement rentable se situe désormais entre 3% et 5%, ils jaugent: «Près de 80% des épargnants ont noté la baisse de rémunération des produits réglementés et des taux d’intérêt (note de l’auteur: ouf !), 64% ont perçu la baisse de rentabilité de l’assurance vie en euros.»
Mieux, les réactions suivent, à en juger par les derniers chiffres de la FFSA. Depuis le début de l’année, la collecte nette sur les contrats vie s’établit à 17,3 milliards, dont 9,1 milliards pour les supports en unités de compte. Commentaire flatteur du Cercle de l’épargne observant nos comportements de fourmis: «Même s’ils restent toujours attachés à la sécurité et à la liquidité, ils orientent, de manière mesurée mais certaine, une partie de leur épargne vers des placements à risques.» Et l’effet de chaîne ne manque pas d’entraîner des «transformations majeures au sein des compagnies, observe un article tout neuf de Périclès Consulting: changement de produit, de processus métier, d’outils, de compétences…» (…), permettant «à terme d’atteindre des encours partagés entre 50% en fonds en euros et 50% en unités de compte».
Le vent aurait donc tourné, mais l’équipage va-t-il tenir? Les unités de compte vivent en crêtes et en creux, le mois d’août ayant donné le vertige. C’est sur la distance que se mesureront vraiment les nouveaux comportements. Comme le suggère joliment une analyse de DNCA Investments: «Un vent violent s’est soudainement levé sur les marchés. Certains voudront construire des murs pour s’en protéger et d’autres des moulins pour en profiter.»
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