Hommage à la veuve de Carpentras et aux analphabètes

L’analphabétisme financier est à la fois généralisé et particulièrement élevé dans certaines catégories spécifiques de population. En outre, de faibles niveaux de connaissances financières ne sont pas spécifiques à un pays particulier ou à un stade donné du développement économique. On les observe partout.» Quelle tête d’œuf ose qualifier ainsi les hommes de bonne volonté que nous sommes ? Il s’agit en réalité de l’Efama, autrement dit de l’Association européenne des gestionnaires d’actifs, par la plume d’un des commentateurs de son rapport sur l’éducation financière du public représentatif de ce Vieux continent.
Pauvre public ! Souvenons-nous des ancêtres de cette étude pour les plus capés – anciens– d’entre nous, lorsqu’au temps surprenant des privatisations de 1987, les futurs petits porteurs des Saint-Gobain, Paribas, TF1, CCF et autres Compagnie Générale d’Electricité étaient vilipendés pour nullité financière et pourtant tellement courtisés. Chère veuve de Carpentras! Mais ne soyez pas émus, posons-nous plutôt la question des responsabilités, puisque près de 30 ans plus tard, la Finance pour les nuls semble prodiguer d’aussi maigres résultats.
Les coupables sont tout désignés: les pouvoirs publics, les acteurs et les médias. Les uns parce qu’ils composent la règle, les autres parce qu’ils la traduisent et les derniers parce qu’ils l’interprètent. Le tout, visiblement, sans une sensibilité manifeste vis-à-vis des épargnants à long terme que chaque «vulgum pecus» est censé représenter. Ne nous en tenons pas à des exemples antédiluviens comme les emprunts russes, les dérivés de dérivés ou le dispositif Fourgous. La plus fraîche actualité parlera d’elle-même, au travers de deux offres productives, puisque supposées soutenir le financement des entreprises.
Le contrat d’assurance vie eurocroissance en est une. Le fait qu’il assure une garantie à son terme et que le transfert en sa faveur des fonds d’un support euros soit réalisé sans perte d’antériorité fiscale, voilà qui convaincra le plus buté des butors. Mais qui saura le rassurer sur la part de risque au regard des 3% de rendement de la formule sécuritaire ? Une autre illustration est donnée par le PEA-PME, qui croîtra lui aussi autant que faire se pourra dans un monde où les entreprises éligibles ont du mal à être définies par l’administration. Et, avouons-le, par les journalistes, partant de «PME» à moins de 5.000 salariés réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros. Pitié pour les ignares !
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