« Le Luxembourg est un centre offshore important mais dont les méthodes ne sont pas toutes au-dessus de la table »
Dans un entretien accordé à NewsManagers, Paul-Henri de La Porte du Theil, le Président de président de l’Association française de la gestion financière (AFG), a dressé un panorama lucide de la gestion française. En pointant ses atouts, comme l’internationalisation de ses encours et son développement d’ores et déjà réussi hors de nos frontières. En n’omettant pas non plus de citer ses handicaps, inhérent dans l’Hexagone à la fiscalité plus favorable de placements concurrents, ou à l’absence de fonds de pension. Enfin, Paul-Henri de La Porte du Theil n’oublie pas d'égratigner le Luxembourg dès lors que celui-ci laisse entendre qu’il est incontournable pour réussir en Europe...
Newsmanagers : L’internationalisation des sociétés de gestion françaises est d’une importance vitale, indiquait récemment un grand cabinet de conseil. Partagez-vous ce point de vue ?
Paul-Henri de La Porte du Theil : Oui, c’est vrai mais pour la gestion française, l’internationalisation est déjà une réalité. Et elle marche remarquablement bien. En effet, les trois quarts des sociétés de gestion françaises ont des clients non-résidents. Environ 400 à 450 milliards d’euros, soit 15% des encours, sont de l'épargne issue de l’international. Ce sont des chiffres tout à fait significatifs qui ont progressé depuis le début de la crise financière. Les sociétés de gestion françaises font d’autant plus d’efforts à l’international que le marché domestique est beaucoup moins porteur tant du côté des particuliers que des institutionnels.
(…)
NM : L’association que vous présidez a récemment amorcé sa propre démarche à l’international. Où en êtes-vous ?
P.-H. de LPdT : Paris Fund Industry, que nous pilotons, organise régulièrement des manifestations en Europe, à Londres, à Francfort et Zurich. Le message que nous essayons de porter est que la gestion française peut s’exporter, et elle l’a montré, elle s’exporte bien. Et elle n’a pas besoin de passer systématiquement par le Luxembourg. Il s’agit certes d’un centre offshore important mais dont les méthodes ne sont pas toutes au-dessus de la table. Je n’en veux pour preuve que la façon dont on voudrait nous faire croire que le Luxembourg est incontournable pour développer une stratégie à l’international. Je regrette, les sociétés luxembourgeoises ne sont pas un passage obligé. La réglementation européenne, avec le passeport, permet d’exporter ses fonds sans disposer d’une société de gestion dans le Grand-Duché. L’AMF appuie aussi son industrie, mais de façon très droite. Nous avons un bon régulateur. Nous insistons d’ailleurs auprès des autorités à Bruxelles, à l’Esma : il est essentiel de préserver un véritable « level playing field » entre régulateurs qui garantisse les mêmes règles pour tous.
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