Les banques russes sont déstabilisées par des rumeurs de faillite

Il n’a laissé personne indifférent. Dans une note citée hier par le quotidien Vedomosti, Sergei Gavrilov, conseiller en investissement du gestionnaire d’actifs russe Alfa Capital, a écrit que les banques privées Bank Otkritie FC, B&N Bank, Credit Bank of Moscow et Promsvyazbank, quatre des quinze plus gros prêteurs du pays en termes d’actifs, pourraient être mises en liquidation par la Banque de Russie dès cet automne. Leurs obligations subordonnées pourraient alors perdre de 40% à 60% de leur valeur. Hier, les obligations perpétuelles subordonnées en dollars de Credit Bank of Moscow ont atteint un plus bas depuis leur placement en avril, tandis que les obligations en dollars de Promsvyazbank se sont échangées à leur plus bas depuis avril 2016. Les obligations en roubles d’Otkritie et B&N ont également reculé, avec des volumes d’échanges plus de six fois au-dessus de la moyenne sur trois mois.
Les régulateurs n’ont pas tardé à se pencher sur l’affaire. Sergei Gavrilov a été convoqué par la banque centrale russe, a prévenu Alfa Capital. Le service fédéral anti-monopole russe (le FAS) a dit avoir demandé des informations à Alfa Capital pour déterminer si l’entreprise avait violé des lois antitrust. «Les affirmations d’Alfa Capital […] semblent être soit des déclarations irresponsables et déraisonnables d’analystes, soit une tentative de pratique commerciale trompeuse», a réagi B&N. Alfa-Bank JSC, une division de la maison mère d’Alfa Capital, a écrit que le rapport était «l’opinion personnelle d’un gérant qui ne correspond pas à la réalité» et qu’elle continuait de travailler avec les quatre groupes mentionnés.
En campagne contre les maillons faibles du système financier, la Banque de Russie a fermé un établissement sur trois depuis 2014. Mais l’élagage n’a pas visé de banques aussi grosses que celles nommées par Alfa Capital – Otkritie et Promsvyazbank sont considérées comme systémiques.
Toutefois, des professionnels de marché ont récemment partagé leurs inquiétudes sur la stabilité du secteur. En juillet, la banque centrale a mis en liquidation le quinzième collecteur de dépôts de particuliers, Jugra Bank (la trentième banque russe par les actifs). Puis l’agence russe de notation ACRA a qualifié de spéculatifs les fonds de pension d’Otkritie. Le 2 août, le premier sous-gouverneur de la banque centrale, Dmitry Tulin, s’est efforcé de rassurer les marchés en disant qu’il ne voyait pas de prêteur systémique perdre sa licence dans un futur proche.
Plus d'articles du même thème
-
Le Crédit Agricole renforce sa banque privée en Suisse
La filiale de gestion de fortune de la banque verte, Indosuez Wealth Management, va acquérir Banque Thaler, un spécialiste suisse du domaine. -
J. Safra Sarasin a collecté 750 millions de francs en 2024
Le groupe suisse J. Safra Sarasin, qui a fait parler de lui début mars avec son projet de rachat de 70% du danois Saxo Bank, vient de publier son rapport annuel 2024. -
Banque Richelieu France accueille une nouvelle banquière privée
Avec pour mission de développer un portefeuille de clients fortunés, Emmanuelle Salvi-Metz rejoint l’équipe de banquiers privés de Banque Richelieu France.
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions