
L’affaiblissement du bitcoin réveille des craintes pour 2022

Le bitcoin avait déjà perdu 31% entre son record du 9 novembre et la fin d’année. Il a encore chuté de près de 15% à 41.640 dollars depuis le 1er janvier en raison à la fois de la hausse des taux liée au durcissement de ton de la Fed et des émeutes au Kazakhstan. La cryptomonnaie est même passée momentanément lundi sous le seuil des 40.000 dollars pour la première fois depuis fin septembre, quand elle avait connu une vente forcée des opérateurs endettés après la décision du Salvador d’en faire une monnaie légale. L’ether, deuxième actif numérique en importance, a également perdu près de 37% depuis son record du 8 novembre (4.819 dollars).
Le Kazakhstan, où des émeutes entraînées par la hausse des prix du gaz ont provoqué un changement de gouvernement la semaine dernière, abrite de nombreux mineurs de bitcoins. Cela en ferait potentiellement le deuxième pays producteur après les Etats-Unis, avec plus de 18% des capacités de minage en 2021, selon un rapport le Cambridge Center for Alternative Finance. Quand la Chine a décidé de lutter contre les cryptomonnaies au printemps 2021, de nombreux mineurs ont quitté le pays pour d’autres destinations plus ou moins proches, dont le Kazakhstan : l’électricité y est habituellement bon marché grâce au charbon, et le froid permet de maintenir la température des machines. La contestation populaire a amené l’opérateur local à couper le réseau internet depuis mercredi. Mais contrairement à ce qui a été écrit et à ce qui avait été vécu après la désertion de Chine au printemps, quand la puissance de calcul (hashrate) mondiale du bitcoin avait été divisée par deux de 181 à 85 Terahash par seconde (TH/s), la capacité a seulement diminué de 183 à 177 TH/s pour l’instant.
«Il faudrait perdre beaucoup plus que 20% de capacités pour mettre en risque la sécurité du réseau bitcoin. Sur ce marché, une perte de capacités limitée n’a pas forcément l’effet attendu sur les cours», explique Manuel Valente, directeur de la recherche de Coinhouse.
«Les mineurs produisent la même quantité de bitcoins, en moyenne 6,25 toutes les 10 mn (ou 900 par jour) : plus il y a de mineurs, plus ils se partagent cette quantité fixe, ajoute le spécialiste. Après, l’alimentation du ‘marché primaire’ dépend à la fois de la tendance des cours, du prix de l’électricité, de leur nombre et de la quantité produite, qui est divisée par deux tous les quatre ans environ (halving) : ils ont tendance à vendre dans la foulée 70% de leur production pour payer leur frais d’électricité quand les prix montent, et jusqu’à 100% quand les prix diminuent». Pour Manuel Valente, la baisse actuelle est plus la conjonction d’une déception par rapport à l’analyse «stock to flow model» qui aurait théoriquement dû faire monter le bitcoin bien au-dessus des 68.000 dollars atteints le 8 novembre 2021 en année «post-halving».
Valeur de réserve ?
Elle intervient aussi au milieu de divers signaux sur le resserrement monétaire de Fed, qui accentue sa lutte contre l’inflation et retirera des liquidités potentiellement dès cette année. Cela pourrait nuire aux actifs à forte croissance et spéculatifs, dont les cryptomonnaies, qui restent un bon baromètre de la réduction de l’appétit pour le risque. «A court terme, le bitcoin devrait plutôt rebondir, avec deux scénarios possibles pour la suite, estime Julien Moretto, analyste chez Coinhouse : soit le rebond casse la zone 50.000-55.000 dollars et on peut espérer que le record sera encore battu en 2022 ; soit il rechute ensuite, avec de bonnes chances de décevoir suffisamment d’investisseurs pour déclencher un ‘bear market’ au-dessous de 40.000 dollars.»
A plus long terme, Goldman Sachs indiquait la semaine dernière que la cryptomonnaie pourrait tendre vers les 100.000 dollars si elle parvient à remplacer l’or comme valeur de réserve. «EY parlait de 36% des avoirs de réserves déjà transférés de l’or vers le bitcoin, mais pour l’instant, la volatilité de l’actif reste encore bien trop forte», conclut Manuel Valente, en référence par exemple au 4 décembre dernier, quand le bitcoin avait perdu près de 10% dans la journée.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Calastone dévoile une solution de numérisation de fonds
Le réseau britannique de transactions de fonds Calastone vient de lancer une solution de numérisation de fonds, Calastone Tokenised Distribution. Les gérants qui opèrent sur le réseau de Calastone peuvent numériser leurs fonds et le distribuer sur diverses chaînes de blocs (blockchain) qu’elles soient publiques, privées ou hybrides. Cela inclut entre autres les blockchains Ethereum, Polygon et Canton.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions