
La valorisation de Revolut fait de l’ombre aux banques établies

La semaine dernière, Sky News indiquait qu’une levée de fonds comprise entre 750 millions et 1 milliard de dollars devait être réalisée par la fintech britannique Revolut. Une information confirmée jeudi par la voix d’un communiqué de presse, venant lever le voile sur un tour de table de 800 millions de dollars (676 millions d’euros) mené par les deux colosses de l’investissement dans la tech que sont le Vision Fund de SoftBank et Tiger Global Management. Dans l’univers des fintechs, le premier est notamment connu pour avoir investi dans la plateforme de trading eToro, la solution d’affacturage Klarna et l’application de gestion M1 Finance, quand le second a soutenu – entre autres – l’expert en cryptomonnaies Coinbase, la solution de paiement Square, la néobanque Nubank et la société de financement personnel Credit Karma.
La croissance de Revolut, qui revendique 15 millions de clients, est hors du commun. Fondée il y a seulement six ans par deux ex-Credit Suisse, Nik Storonsky et Vladyslav Yatsenko, la fintech britannique vaut désormais 33 milliards de dollars (28 milliards d’euros)… soit six fois plus que l’an dernier. Sa valorisation astronomique surpasse celles des banques les plus établies sur le Vieux Continent. A cet égard, elle dépasse désormais d’un tiers la capitalisation boursière de la Société Générale, tombée à 21 milliards d’euros, ou encore celle de Deutsche Bank, qui nage dans les mêmes eaux. Le phénomène de vases communicants entre les néobanques et les établissements de crédit traditionnels, lestés par le coût de leurs réseaux d’agences et de leurs systèmes informatiques, est frappant.
Un mois avant la déferlante du Covid-19 sur le Vieux continent, Revolut avait mené à bien une série D en empochant 500 millions de dollars. Avec cette série E, la start-up entend continuer à investir massivement dans la recherche & développement pour faciliter encore un peu plus les transferts d’argent et la gestion de l’épargne et de l’assurance de ses clients.
Expansion internationale
La néobanque britannique a connu une explosion de sa popularité en proposant des formules de compte 100% mobile, avec une carte bancaire permettant de réaliser des paiements en devises sans frais. Une offre valable en Europe, mais aussi depuis l’année dernière aux Etats-Unis. En mars, elle a précisé avoir franchi la première étape du processus d’obtention d’une licence bancaire américaine. Ses services aux entreprises étaient lancés dans 50 des 52 Etats du pays. Pour percer sur le premier marché mondial, Revolut a donc aussi prévu de puiser dans sa nouvelle enveloppe de fonds propres – celle-ci devant aussi lui offrir les moyens de réussir son entrée en Inde et dans d’autres marchés internationaux.
L’an dernier, la fintech a vu son chiffre d’affaires bondir de 57%, à 261 millions de livres sterling, pour une marge brute en hausse de 215%, à 123 millions de livres. Pour autant, Revolut attend toujours de dégager ses premiers bénéfices. Sa perte d’exploitation ajustée s’établissait à 122 millions en 2020. La néobanque avait aussi traversé une zone de turbulences il y a trois ans, lorsque l’efficacité de son dispositif de lutte contre les transactions douteuses avait été mis en cause. Ce n’est pas la première fois que des fintechs du paiement sont soupçonnées de sacrifier leurs exigences de conformité à la croissance de leur portefeuille client, même si les banques traditionnelles ont connu elles aussi leur lot d’avanies dans ce domaine.
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