
La pression fintech s’accroît pour les banques françaises

Les banques françaises doivent appuyer sur l’accélérateur. Les régulateurs du pays vont les pousser à appliquer plus vite que prévu la deuxième directive européenne sur les services de paiement (DSP2), en échange d’une contrepartie, a annoncé hier le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, à l’occasion du Paris Fintech Forum. Selon les règlements d’application de la DSP2, les banques disposent en effet de 18 mois pour développer des interfaces de programmation (API) permettant aux fournisseurs de services de paiement de se connecter à leurs comptes.
Aujourd’hui, les fintech utilisent la technique de web scraping qui consiste à se connecter à l’interface d’un client avec son mot de passe. Le gouverneur appelle les banques à agir pour «développer aussi rapidement que possible, avant la fin de la période de transition, ces API sécurisées, qui nous permettront de mettre de côté le web scraping qui reste un moyen d’accès peu sécurisé».
Si les banques sont aujourd’hui toutes attelées à la construction de ces API, avec l’aide de leur organisme de place Stet, leurs avancées en la matière restent disparates. Pour leur donner un coup de pouce, la Banque de France a encouragé la disposition législative suivante : si les API sont développées plus tôt qu’en 18 mois, et validées par le régulateur bancaire, elles deviendront obligatoires pour les fintech. «Ce sera un raccourcissement de la période de transition pour les banques [françaises] et un progrès majeur de sécurité», a souligné François Villeroy de Galhau. La disposition prendrait la forme d’un amendement au projet de loi ratifiant le texte de transposition de la DSP2, qui devrait passer cette semaine en commission et la semaine prochaine devant l’Assemblée nationale.
C’est une décision douce-amère pour les banques, qui militaient pour les API mais en parallèle, avaient «fait pression pour retarder la mise en application de la DSP2», a expliqué le numéro un de la BdF. «La solution n’est pas de rallonger cette période mais de la raccourcir.»
Bataille de coûts
La construction des API n’est pas le seul domaine où les banques sont forcées d’aller plus vite. Elles doivent aussi améliorer leurs propres offres de services pour rivaliser avec celles des fintech. «Désormais la technologie permet de fournir de meilleurs services à un coût plus bas, a reconnu le directeur général de la Société Générale Frédéric Oudéa. Nous devons nous adapter et nous transformer.» La banque aura digitalisé tous ses processus d’ici à trois ans.
«Dans deux à trois ans les grandes banques auront copié [nos] services mais elles n’arriveront pas à réduire leur base de coûts assez vite, a nuancé la PDG de Starling Bank Anne Boden. C’est une bataille de coûts plutôt que d’innovation.»
BNP Paribas souhaite donc acquérir les offres de services qu’elle n’est pas en mesure de développer elle-même assez rapidement. «Même si vous êtes dans le secteur depuis de nombreuses années, il y a des idées qui sont hors de votre portée», a expliqué le directeur général de BNP Paribas Jean-Laurent Bonnafé. La banque a ainsi acquis la fintech Compte Nickel car elle s’intéressait particulièrement à sa technologie intrajournalière (intraday) dans le cadre de la banque de détail, une chose qu’une «banque universelle ne peut pas fournir aujourd’hui», a remarqué le dirigeant.
Outre la Banque de France, le ministre de l’économie Bruno le Maire a lui aussi intimé aux banques d’agir plutôt tôt que tard, soulignant «les dangers de l’absence d’innovation disruptive» et concluant son intervention par : «Réveillez-vous !»
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