
La gestion des espèces durant la pandémie diverge entre banques centrales

Fin février, l’OMS a publié un article sur son site, estimant que les billets de banques et pièces de monnaie pouvaient être vecteurs de transmission du virus. Depuis, les recherches sur internet incluant «cash» et «Covid» ont explosé dans de nombreux pays, notamment en France, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, observe la Banque des règlements internationaux (BRI) dans une note publiée vendredi.
Selon certaines études scientifiques, le virus pourrait vivre sur différentes surfaces pendant plusieurs heures, mais «les scientifiques notent que la probabilité de transmission par les billets de banque est faible si on la compare avec d’autres objets fréquemment touchés», précise la BRI, citant par exemple les terminaux de paiement ou encore les claviers NPI. De fait, «à ce jour, il n’existe aucun cas connu de transmission de Covid-19 par les billets ou les pièces de monnaie», ajoute l’institution.
Dans ce contexte, la BRI a dressé un état des lieux des différentes mesures prises par les banques centrales. «Pour renforcer la confiance dans les espèces et garantir leur acceptation universelle, plusieurs banques centrales ont activement fait savoir que les risques étaient faibles», rapporte la BRI. Par exemple, la Banque d’Angleterre, la Bundesbank et l’Afrique du Sud ont estimé que le risque de transmission du virus en manipulant des espèces n’était pas plus grand qu’en «touchant des poignées de portes ou des cartes de crédit».
Stérilisation
D’autres banques centrales ont pris des mesures plus radicales. Dès le mois de février, la Banque populaire de Chine a stérilisé les billets de banque dans les régions touchées par le virus. Elle a notamment été suivie par les banques centrales de Corée du Sud, de Hongrie et du Koweït. De son côté, le 6 mars, la Réserve fédérale américaine (Fed) a temporairement stocké les dollars en provenance d’Asie avant de les remettre en circulation.
Par ailleurs, la BRI observe que si la circulation des espèces a fortement augmenté aux Etats-Unis, elle a diminué de moitié au Royaume-Uni. «À moyen terme, l'épidémie pourrait en principe conduire à une augmentation de la détention d’espèces à des fins de précaution par les consommateurs et une augmentation structurelle de l’utilisation des paiements mobiles, par carte et en ligne», estime l’institution.
Certains pays ont augmenté le seuil des paiements sans contact, dans le but de protéger les consommateurs. C’est le cas en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Irlande, aux Pays-Bas, aux États-Unis, et au Royaume Uni. De leur côté, les banques françaises ne souhaitent toujours pas sauter le pas.
Par ailleurs, «si l’argent liquide n’est pas généralement accepté comme moyen de paiement, cela pourrait créer un ‘fossé des paiements’ entre ceux qui ont accès aux paiements numériques et ceux qui n’y ont pas accès», indique la BRI. Les non-bancarisés et les personnes âgées seraient plus fortement touchés.
La BRI estime enfin que l’émission de monnaie digitale par les banques centrales (CBDC) pourrait permettre de mieux gérer des moments de crise. «Ces infrastructures devraient résister à un large éventail de chocs, notamment les pandémies et les cyberattaques» conclut l’institution.
Plus d'articles du même thème
-
Indy et Swan valident le modèle du compte pro embarqué
Les nouveaux clients d’Indy choisissent massivement d’activer le compte pro gratuit qui facilite leur gestion quotidienne. Pour la start-up, c’est un investissement qui rapporte. -
Le levier de la prospective stratégique au service de la banque de demain
La capacité des banques à anticiper les différents scénarios possibles est désormais un impératif stratégique, estime Alexandra Zana, Vice President, chargée des institutions financières chez Mastercard -
L’euro numérique est devenu une priorité stratégique
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a plaidé en commission des finances à l’Assemblée nationale pour un partenariat gagnant entre banque centrale et banques commerciales pour assurer la souveraineté monétaire européenne.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions