Vincent Bolloré fait parler sa science financière chez Vivendi

L'éditorial d’Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L’Agefi
Directeur de la rédaction
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La décote en Bourse du conglomérat atteint 40% sur la somme des parties du groupe Vivendi  - 

Vincent Bolloré cultive l’art du contrepied chez Vivendi. Alors que le groupe se prépare à faire son retour dans le CAC 40, ce 18 décembre, son premier actionnaire se dit désormais prêt à le couper en trois. Si son projet va au bout, le financier breton se retrouverait d’ici dix-huit mois à deux ans, à la tête de 29,5% du capital de trois entités indépendantes : Canal+, Havas, et un nouveau Vivendi qui coifferait les participations dans Lagardère (59%), Universal Music (10%) et Telecom Italia (24%), entre autres. Un modus operandi dont il a déjà fait bon usage en 2021. La distribution-cotation d’Universal Music à Amsterdam lui a permis d’hériter d’une ligne directe dans l’éditeur de musique, valorisée à 7,6 milliards d’euros dans les comptes de l’empire familial.

Longtemps, le marché a spéculé sur une possible offre publique d’achat de Bolloré sur la totalité de Vivendi, d’autant que l’homme d’affaires était riche de la vente de ses activités logistiques en Afrique. Mais pourquoi offrir une prime aux actionnaires minoritaires pour renforcer son poids dans un conglomérat qui, par nature, traiterait toujours avec une forte décote en Bourse ? Celle-ci atteignait 40% sur la somme des parties du groupe, avant que le marché n’applaudisse l’annonce du projet de scission, selon les calculs de JPMorgan. Le schéma proposé offre un choix d’options bien plus larges à celui dont la science des montages boursiers n’est plus à démontrer.

Vincent Bolloré pourrait, ainsi, le moment venu, renforcer son poids direct au capital de Canal+. Ou bien profiter d’une prime spéculative sur ses actions Havas, sixième agence mondiale de publicité que des concurrents plus gros seraient tout prêts à croquer. Le Vivendi résiduel, lui, ressemblerait fort à une holding d’investissement et continuerait à se payer sous sa valeur nette. Mais en conservant pour l’essentiel des participations dans des actifs cotés, il pourrait espérer une réduction de sa décote, à 15% par exemple, et porter l’action à 13 euros, selon JPMorgan. Celle-ci valait moins de 9 euros le 13 décembre.

Depuis que Vincent Bolloré a pris la présidence du conseil de surveillance de Vivendi, en juin 2014, l’action affiche un rendement annuel moyen, dividende réinvesti, de 9,7%. C’est un point de mieux que l’indice phare de la Bourse de Paris. Pour accroître encore le retour aux actionnaires et d’abord au premier d’entre eux, le flibustier du CAC 40 démontre une nouvelle fois, à 71 ans, sa capacité à user de toutes les recettes de l’ingénierie financière. Quitte à enterrer irrévocablement la fameuse stratégie de convergence entre médias et télécoms qui avait présidé à la naissance de Vivendi sous Jean-Marie Messier.

Cet éditorial est à retrouver dans la rubrique Le Cercle des initiés de l’Opinion, publiée tous les vendredis.

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