
Thales brave le « coup dans le dos » porté par l’Australie à la France

Touché mais loin d'être coulé. Le groupe de technologies et de défense Thales parvient à progresser en Bourse jeudi, les investisseurs ne s’inquiétant pas du revirement stratégique de l’Australie qui a pour conséquence d’annuler le « contrat du siècle » dans les sous-marins auquel le groupe était directement et indirectement exposé.
Vers 11h20, le titre Thales s’adjuge 1,4% à 83 euros progressant plus que le CAC 40, qui de son côté prend 1,1%.
L’Australie a scellé dans la nuit de mercredi à jeudi une vaste pacte de sécurité dans la zone indo-pacifique avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Dans cette optique, Canberra a décidé de se doter d’une une flotte de sous-marins nucléaires en collaboration avec Washington et Londres.
Cette décision a pour dommage collatéral l’annulation du programme AFS (Australian Future Submarine), qui consistait en l’acquisition de 12 nouveaux sous-marins auprès du groupe français Naval Group, dont Thales possède 35% du capital. Le montant total de ce programme, surnommé « le contrat du siècle » et obtenu en 2016 avait été évalué à 50 milliards de dollars australiens - soit environ 32 milliards d’euros - puis 90 milliards de dollars par Canberra, selon la presse australienne.
« C’est vraiment un coup dans le dos, nous avions établi avec l’Australie une relation de confiance, cette confiance est trahie », a pesté le ministre des Affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian sur France Info.
Des conséquences négligeables sur la valorisation
Thales a toutefois pris les devants pour rassurer les investisseurs, en publiant avant l’ouverture du marché un communiqué dans lequel le groupe a confirmé tous ses objectifs financiers pour l’exercice en cours.
Le groupe a rappelé être exposé indirectement en tant qu’actionnaire de Naval Group mais aussi directement en étant fournisseur de certains sous-systèmes au groupe de défense américain Lockheed Martin, qui avait été désigné comme intégrateur des systèmes de combat par le gouvernement australien.
Ces contrats avec Lockheed Martin, ne représente que 30 millions d’euros soit 0,1% du carnet de commandes du groupe. « De plus, Thales n’anticipe pas d’impact significatif de cette annonce sur l’EBIT [résultat opérationnel, NDLR] du groupe en 2021 par le biais de la contribution de Naval Group », a ajouté la société. En 2019 puis 2020, la contribution de Naval Group au résultat opérationnel de Thales s'était inscrite à 65 millions d’euros puis 22 millions, représentant 3% puis 2% du total de cet agrégat financier.
« Au final, si ce revirement du gouvernement australien souligne - s’il le fallait - le caractère politique de toute commande militaire (et justifie la prime dont bénéficie les acteurs défense américains...), les conséquences de l’annulation [de ce contrat] sont à nos yeux négligeables sur la valorisation de Thales », relativise Oddo BHF.
Au-delà de ce contrat, le bureau d'étude ne juge pas que la nouvelle alliance nouée par l’Australie puisse avoir de conséquence défavorable sur l’activité de Thales dans le pays, son deuxième plus important client dans la défense après la France, compte tenu « de sa présence essentiellement locale ».
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