OpenAI, la gouvernance artificielle

L'éditorial d’Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L’Agefi.
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Le groupe Open AI se retrouve maintenant nanti d’un conseil d’administration flambant neuf  -  Image G. Altmann/Pixabay

La gouvernance de l’intelligence artificielle est devenue en 2023 une question existentielle pour l’humanité. Mais qui gouverne les entreprises chargées de la développer ? Des passions trop humaines, vu le spectacle proposé par OpenAI.

Débarqué sans préavis le vendredi, recruté par Microsoft le lundi suivant, réintégré au poste de directeur général deux jours plus tard par acclamation populaire, son cofondateur Sam Altman a parcouru à la vitesse de calcul d’un algorithme la trajectoire des étoiles de la Silicon Valley. Le modèle Steve Jobs, qui avait mis quelques années pour revenir en fils prodigue chez Apple après son bannissement, est dépassé.

Ce psychodrame est le résultat d’une gouvernance brouillonne. La structure juridique de la start-up est une fusée à trois étages. A sa tête, une société à but non lucratif, dont la mission, typique du messianisme tech, est de développer l’intelligence artificielle au bénéfice de l’humanité : c’est cette entité que les administrateurs contrôlent. A l’étage intermédiaire, une holding regroupe certains investisseurs et les salariés. En bas, une autre société qui, elle, ne s’interdit pas de réaliser des profits, et dans laquelle Microsoft, à la fois actionnaire et client d’OpenAI, a injecté l’équivalent de 13 milliards de dollars sans pouvoir de décision. Faute de choisir entre le social et le capital, ce millefeuille ne peut qu’alimenter le conflit d’intérêts de deux factions : d’un côté les purs scientifiques, à l’origine du putsch, de l’autre les entrepreneurs, dont Sam Altman constitue la figure de proue. Impossible, dans ces conditions, de garantir la juste représentation des parties prenantes, qu’il s’agisse des actionnaires – Microsoft a été mis devant le fait accompli – ou des salariés.

Une crise de croissance plus tard, voilà le groupe nanti d’un conseil d’administration flambant neuf. L’instance continue dans ses statuts à ne représenter qu’elle-même, mais elle est à présent acquise à la cause d’un Sam Altman à l’ego revigoré. Est-ce une bonne nouvelle pour OpenAI et le futur de l’intelligence artificielle ? Il faudra demander la réponse à ChatGPT.

Cet éditorial est extrait du Cercle des Initiés, nouvelle rubrique hebdomadaire publiée dans l’Opinion, à retrouver en intégralité ici.

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