
L’utilisation des smartphones est mise à l’index par des investisseurs

La responsabilité sociale des entreprises s’est invitée de manière inhabituelle, mais probablement durable, dans le secteur de la tech américaine. Et elle vise son représentant le plus emblématique : Apple. Le groupe à la pomme a reçu samedi une lettre de deux actionnaires institutionnels – le hedge fund activiste Jana Partners et le fonds de pensions Calstrs – qui expriment leurs inquiétudes quant aux possibles conséquences néfastes de l’utilisation des iPhones chez les enfants et les adolescents, a révélé hier le Wall Street Journal.
«Il existe un amas croissant de preuves qui montrent, au moins pour les utilisateurs les plus jeunes, que [ces appareils] ont des conséquences involontaires néfastes», comme l’addiction et la désocialisation, expliquent les investisseurs, qui détiennent à eux deux l’équivalent d’environ 2 milliards de dollars en actions Apple. Le groupe ne devrait pas échapper à ce «malaise social grandissant», ajoutent-ils. Ils réclament qu’Apple crée à destination des parents des moyens plus simples et plus intuitifs de limiter l’utilisation des téléphones de leurs enfants.
Cette prise de position n’est pas désintéressée. «Apple peut jouer un rôle déterminant, en signalant à l’industrie que prêter attention à la santé et au développement de la prochaine génération est à la fois bon pour l’activité et la bonne chose à faire», poursuit le courrier, insistant sur le fait qu’«aucune entreprise ne peut sous-traiter [la] responsabilité» de prendre en compte «dès le départ» les conséquences à long terme des nouvelles technologies.
L’initiative des investisseurs intervient dans un contexte particulier, en dehors de la montée en puissance du sujet des responsabilités sociales des entreprises : Jana a l’ambition de lever cette année plusieurs milliards de dollars dans un fonds consacré aux entreprises les plus «citoyennes». C’est la première fois qu’un investisseur ayant pignon sur rue à Wall Street aborde cette thématique si ouvertement.
En fonction de la réponse d’Apple (qui pour l’instant se tient coi mais qui s’est déjà montré sensible aux revendications d’actionnaires), l’affaire pourrait avoir des conséquences importantes: si l’iPhone couvre près de la moitié du marché des smartphones utilisés aux Etats-Unis, il n’y a pas de raison que les autres grands fabricants échappent à ce type de préoccupations. Celles-ci pourraient tout aussi bien concerner les opérateurs de téléphonie et les réseaux de tours télécoms.
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