
Les PDG ne sont plus majoritaires au CAC 40

Danone ne reste pas inactif. Mis sous la pression de son troisième actionnaire, le fonds américain Artisan Partners, le groupe de produits laitiers et d’eau minérale a annoncé ce dimanche la conversion, en vue d’une cession, de sa participation indirecte de 9,8% dans le groupe chinois Mengniu en une participation directe. Danone pourrait ainsi vendre cette part dès cette année, en une ou plusieurs opérations, en fonction des conditions de marché. Le groupe français estime la valeur comptable de ce bloc à environ 850 millions d’euros. Il est actionnaire de Mengniu depuis 2013.
L’annonce de cette simplification tombe au moment où le conseil d’administration de Danone doit examiner, ce lundi, le plan de réorganisation confectionné par son PDG Emmanuel Faber avec, en toile de fond, les tensions de gouvernance. Vendredi, Artisan Partners a demandé la nomination « dès que possible » d’un nouveau directeur général chez Danone après avoir réitéré son appel à séparer les fonctions de PDG occupées actuellement par Emmanuel Faber. Selon l’investisseur, ce mode de gouvernance est plus efficace. Les chiffres montrent d’ailleurs qu’il est désormais privilégié par les groupes du CAC 40 et, plus largement du SBF 120.
Sans tenir compte d’un éventuel changement chez Danone, cette dissociation des fonctions, traditionnelle au Royaume-Uni et très courante aux Etats-Unis, est désormais majoritaire au sein du CAC 40 pour les entreprises à conseil d’administration, ce qui exclut les deux commandites (Hermès et Michelin) et les trois structures duales à conseil de surveillance et directoire (Publicis, Unibail-Rodamco-Westfield et Vivendi) : 18 groupes du CAC ont ou vont avoir cette année un président et un directeur général ; 17 ont un PDG.
Le club de la gouvernance avec des fonctions dissociées devrait gagner un nouveau membre prochainement : Stéphane Richard, le PDG d’Orange, a récemment indiqué que la question de la dissociation des fonctions et de sa succession à la direction générale de l’opérateur de télécoms sera examinée avant la fin de son mandat en 2022.
Beaucoup de nouvelles têtes
Si Danone venait à décider d’une dissociation de sa gouvernance, il s’agirait également de la cinquième entreprise du CAC 40 à changer de tête, ou à annoncer une évolution, depuis le début de l’année. En février, Aditya Mittal a remplacé son père Lakshmi à la direction générale d’ArcelorMittal. Olivier Roussat est devenu directeur général de Bouygues, Martin Bouygues conservant la présidence du groupe familial. Le 1er janvier, Olivier Andriès, a pris les commandes de Safran. Sa promotion avait été anticipée très en amont, le principe de sa nomination remontant à fin 2019.
Chez Saint-Gobain, également anticipée depuis plusieurs mois, la passation des pouvoirs sera effective cette année : Pierre-André de Chalendar cèdera la direction générale à Benoit Bazin à compter du 1er juillet 2021. Même calendrier chez L’Oréal, où Nicolas Hieronimus est appelé à prendre la direction générale en remplacement de Jean-Paul Agon. Ce dernier restera président.
2020 avait également connu de nombreux changements de tête dans le CAC 40. La direction d’Unibail-Rodamco-Westfield, présidents du conseil de surveillance et du directoire, a été balayée en décembre par la fronde des actionnaires emmenée par Léon Bressler et Xavier Niel. Catherine MacGregor a pris la direction générale d’Engie laissée vacante par la révocation d’Isabelle Kocher. Début 2020, Aiman Ezzat a succédé à Paul Hermelin à la direction générale de Capgemini et Luca de Meo a pris le volant de Renault.
Plus d'articles du même thème
-
Le président de BP s’apprête à tirer sa révérence sous la pression d’Elliott
Helge Lund quittera le groupe britannique, vraisemblablement en 2026, dans le cadre d’une transition ordonnée. La recherche d’un successeur est désormais lancée. -
Rebondissement pour Scor dans l’affaire Partner Re
Le réassureur Scor est mis en examen, en tant que personne morale, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour des faits reprochés à son ancien président Denis Kessler. L’instruction concerne des faits imputés à l’association ASPM accusée de tentative de déstabilisation du groupe Covéa lors de sa procédure de rachat du réassureur Partner Re en 2022. -
Les tribulations de Carrefour crispent le marché et fragilisent son patron
A la peine en Bourse depuis plusieurs années, le distributeur peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie alors que le mandat de son PDG, Alexandre Bompard, arrivera à échéance en 2026.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions