
Les fusions et acquisitions bravent la trêve estivale

L’activité intense constatée depuis le début de l’année sur le marché des fusions et acquisitions (M&A) s’est poursuivie avec l’arrivée de l’été, ce qui constitue un phénomène inhabituel. Selon des données compilées par Bloomberg, la valeur agrégée des opérations annoncées depuis le début du mois de juillet atteignait lundi 548 milliards de dollars (461 milliards d’euros) à l’échelle mondiale. L’agence indique que le classement des banques conseils sur cette période place en tête Goldman Sachs, suivie de Morgan Stanley et JPMorgan. La barre des 550 milliards de transactions annoncées a donc été franchie en intégrant le projet d’acquisition, dévoilé mardi par Sanofi, de la biotech américaine Translate Bio pour environ 3,2 milliards de dollars.
Ces 550 milliards de dollars représentent plus de 86% du montant cumulé annoncé l’an dernier sur la période de juillet-août. L’activité dépasse également en valeur la moyenne de 516 milliards de dollars calculée depuis 2007 sur cette même période, alors que le mois d’août vient tout juste de commencer. «La liquidité importante dans toutes les classes d’actifs - marchés de la dette, sociétés cotées ou private equity - la confiance dans la valorisation des entreprises et dans leurs conseils d’administration, sont autant de facteurs favorables à ces niveaux d’activité très élevés», commente Guillermo Baygual, co-dirigeant du M&A pour la région EMEA chez JPMorgan. Il table sur une poursuite de cette tendance jusqu’à la fin de l’été.
Des négociations rapides entre Square et Afterpay
Une accélération de ce mouvement a même eu lieu dans les derniers jours avec l’acquisition annoncée lundi par Square, une plateforme américaine de paiement digital, de sa concurrente australienne Afterpay, spécialisée dans les paiements fractionnés, pour 29 milliards de dollars. Ceci constitue la plus importante opération de croissance externe de Square, société dirigée par Jack Dorsey, le patron de Twitter. D’après plusieurs sources citées par Reuters, cette opération transfrontalière a été négociée en moins de trois mois malgré l’intérêt de plusieurs acquéreurs potentiels. Quelques heures auparavant, le groupe immobilier allemand Vonovia a réactivé le projet d’acquisition de son compatriote Deutsche Wohnen pour plus de 19 milliards d’euros.
«Le marché mondial du M&A continue de dépasser son niveau pré-pandémique grâce à la reprise économique mondiale, aux acquéreurs stratégiques en quête d’opérations de consolidation et aux sponsors financiers qui cherchent à utiliser des fonds propres importants», estime Dwayne Lysaght, co-dirigeant du M&A pour la région EMEA chez JPMorgan.
Les ciblent britanniques reviennent dans le jeu
Le Royaume-Uni participe largement à cette consolidation. Le mois dernier, les transactions impliquant des cibles britanniques ont atteint 34,9 milliards de dollars, soit 5% de moins qu’en juin mais sept fois plus qu’en juillet 2020, selon Refinitiv. Ce montant ne tient pas compte de l’OPA amicale en numéraire de près de 8,8 milliards de dollars lancée lundi par le groupe industriel américain Parker-Hannifin sur le britannique Meggitt, spécialisé dans les équipements aéronautiques. «Si les actions britanniques sont depuis longtemps considérées comme peu chères, la vague de M&A de cette année prouve que les investisseurs étrangers ont finalement eu suffisamment confiance pour saisir les occasions sur ce marché, après l’avoir négligé durant des années», en conclut Russ Mould, directeur des investissements de la société de gestion AJ Bell, basée à Manchester.
Ce dynamisme s’appuie aussi sur des résultats particulièrement bien orientés en Europe. Alors que plus de la moitié des sociétés de l’indice Stoxx 600 ont publié leurs comptes pour le trimestre clos fin juin, 67% d’entre elles ont dépassé les attentes des analystes, montrent les statistiques de Refinitiv. Le Vieux Continent «affiche actuellement les plus fortes révisions à la hausse de l’ensemble des grandes régions mondiales», relèvent dans une note les stratégistes actions Europe de Morgan Stanley. Ce vent d’optimisme a permis à l’indice Stoxx 600 de terminer le mois de juillet sur une sixième hausse mensuelle d’affilée malgré des inquiétudes sur l’inflation, la reprise de l’épidémie de Covid-19 en Asie ou le tour de vis réglementaire de la Chine envers ses entreprises.
Hormis la Chine, les Etats-Unis sont une autre source de préoccupation réglementaire pour le marché du M&A, comme en témoigne l’abandon fin juillet de l’OPA de 30 milliards de dollars d’Aon sur le courtier en assurances Willis Towers Watson, dans le sillage de l’intervention du département américain de la Justice. L’administration Biden surveille par ailleurs attentivement les transactions liées aux entreprises technologiques, ce qui pourrait pénaliser les opérations transformantes dans ce secteur.
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