
Les dépréciations de survaleurs repartent à la baisse en Europe

Après une remontée en 2015, les dépréciations des écarts d’acquisitions (survaleurs ou goodwill) en Europe ont repris l’an dernier leur tendance baissière visible depuis 2012, montre la 5e édition de l’étude publiée hier par le cabinet de conseil Duff & Phelps sur la base des sociétés qui composent l’indice Stoxx Europe 600. Grâce à l’embellie des perspectives économiques constatée au sein de la zone euro, le montant global de ces dépréciations s’est contracté de 24% à 28,2 milliards d’euros en 2016.
Il s’est réparti sur 121 sociétés, alors que 146 sociétés étaient concernées l’année précédente, ce qui reflète une baisse de 8% à 233 millions d’euros du montant moyen déprécié. Pour mémoire, le montant global des dépréciations était passé de 15,2 milliards d’euros en 2010 à 77,2 milliards en 2011, lors du pic de la crise des dettes souveraines européennes.
Le montant des survaleurs testées sur tout le panel européen a de son côté progressé de 229 milliards d’euros entre 2015 et 2016, en raison de la bonne tenue du marché des fusions et acquisitions (M&A). Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont constitué l’an dernier près de 90% du total des survaleurs dépréciées dans la région, contre 70% en 2015. La grande majorité des pays sous revue a affiché en 2016 un recul des dépréciations, à l’exception des marchés britannique, suédois et italien.
«Le Royaume-Uni se distingue par une augmentation de près de 80%, à 13,7 milliards d’euros, du montant déprécié en raison de l’affaiblissement de la livre combinée aux effets anticipés du Brexit», relève Carine Tourneur, managing director au sein du bureau parisien de Duff & Phelps et spécialiste en évaluation financière. Près de 82% de ce montant s’est concentré sur Vodafone, HSBC et Pearson, trois entreprises qui arrivent d’ailleurs en tête du classement à l’échelle européenne.
En France, les dépréciations de goodwill ont diminué de 5% d’un an sur l’autre à 5,7 milliards d’euros, Engie, Publicis et Orange représentant les deux tiers de ce montant. Celui-ci correspond à seulement 1,5% du goodwill testé sur les 78 sociétés françaises présentes dans l’indice boursier européen, contre une proportion de 4,3% au Royaume-Uni (173 sociétés testées) et de 2,1% en Allemagne (avec 64 sociétés testées). Dans ce dernier pays, les dépréciations ont reculé de 53,5% à 5,4 milliards d’euros et 79% de ce montant a été généré par E.ON, Deutsche Bank et Commerzbank.
Sur les dix grands secteurs d’activités analysés, trois d’entre eux, «finances et immobilier», «télécoms» et «biens de consommation durables» ont concentré 70,5% des dépréciations comptabilisées en 2016. «La persistance de dépréciations de goodwill significatives dans les banques provient du bas niveau des taux d’intérêt qui pèse sur leurs marges, d’exigences réglementaires renforcées et des incertitudes liées à la transformation du secteur en réponse à la concurrence des fintech et au processus de digitalisation», commente Carine Tourneur.
Le secteur «finances et immobilier» a cependant enregistré des dépréciations de survaleurs en recul de 45% à 7,9 milliards d’euros d’un an sur l’autre, alors qu’elles sont passées de 1,4 milliard à 7,9 milliards d’euros dans les télécoms sous l’influence de Vodafone principalement. Le secteur des «utilities» affiche quant à lui un recul de 48% de ses dépréciations à 4,7 milliards. Si la probabilité d’un nouveau repli du montant total des survaleurs en Europe semble élevée pour 2017, «son évolution à moyen terme dépendra notamment du dynamisme des opérations de M&A et du niveau de l’inflation», souligne Carine Tourneur.
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