
Les dépenses militaires dépassent 2.000 milliards de dollars, et ce n’est qu’un début

Plus que le PIB de l’Italie. Selon le dernier rapport du Stockholm international peace research institute (Sipri), les Etats ont dépensé 2.113 milliards de dollars pour leurs armées en 2021. Un chiffre record en hausse de 0,7% en dollars constants et représentant 2,2% du PIB mondial. Les Etats-Unis restent, de loin, le plus gros contributeur avec 801 milliards de dollars dépensés malgré une baisse de 1,4% en un an et de 6,1% par rapport à 2012. Deuxième, le budget militaire chinois a atteint 293 milliards, en hausse de 4,7% sur un an et de… 72% en neuf ans. L’Inde (76,6 milliards) complète le podium, suivie du Royaume-Uni (68,4), de la Russie (65,9), de la France (56,6) et de l’Allemagne (56).
+142% pour l’Ukraine
Si la progression des budgets est globale, plusieurs pays ont augmenté leur effort dans des proportions significatives. Avant d’envahir l’Ukraine, la Russie a dopé ses dépenses de 2,9% en 2021, les portant à 4,1% du PIB, rapporte le Sipri. Kiev n’est pas en reste, avec une hausse de 142% depuis 2012, à 5,9 milliards de dollars. De nombreux pays d’Europe orientale et du Nord ont d’ailleurs fortement augmenté leur budget ces neuf dernières années : +161% pour la Roumanie, +58% pour la Pologne, +54% pour la Grèce, +50% pour la Finlande, +46% pour la Suède, +39% pour la Norvège.
En réaction à l’explosion des dépenses chinoises, plusieurs pays asiatiques ont aussi mis le pied sur l’accélérateur. La Corée du Sud a porté ses dépenses militaires à 50,2 milliards de dollars (+43% depuis 2012) quand celles de l’Australie atteignent 31,8 milliards (+40%). Le Pakistan (+47% en neuf ans), l’Inde (+33%) et l’Indonésie (+35%) ne sont pas en reste. Au Japon, la défense a vu son budget bondir de 7,3% en 2021 (+18% depuis 2012).
Cette tendance à l’inflation des budgets militaires, particulièrement marquée en Europe et en Asie, n’est pas appelée à ralentir compte tenu de la dégradation du contexte géopolitique mondial.
Révolution en Allemagne
La guerre en Ukraine a ainsi poussé plusieurs pays européens à annoncer des augmentations massives de leurs enveloppes consacrées à la défense. L’Allemagne veut porter ses dépenses militaires à 100 milliards d’euros cette année et dépasser 2% de son PIB investis dans le domaine, en ligne avec les préconisations de l’OTAN, contre 1,3% en 2021 selon les données du Sipri. La Suède vise également 2% du PIB (1,3% en 2021). La Pologne veut faire passer les siennes de 2,1% du PIB l’an dernier à 3% en 2023.
Ces évolutions sont d’ailleurs déjà visibles dans les cours de Bourse des principaux fabricants d’armes de la planète. Les actions des américains Lockheed Martin, Raytheon Technologies et Northrop Grumman ont gagné entre 13% et 22% depuis le début de l’année. En Europe, les progressions sont encore plus spectaculaires : le britannique BAE Systems a gagné 33% depuis le 1er janvier, l’italien Leonardo 59% et les français Thales et Dassault Aviation plus de 65%.
Jusqu’à présent exclus des critères de sélection de l’investissement responsable, les groupes de défense pourraient même voir leur statut réévalué en tant qu’acteur de… paix. Au nom d’une veille maxime latine remise au goût du jour par le conflit ukrainien : «Si vis pacem, para bellum»…
Plus d'articles du même thème
-
Amazon veut concurrencer Starlink avec ses satellites internet Kuiper
Dans le sillage d’Elon Musk, le fondateur d’Amazon Jeff Bezos s’apprête à envoyer à son tour sa première constellation de satellites destinés à son projet d'internet spatial, à partir du mercredi 9 avril. -
Safran avance dans son marathon réglementaire lié à la reprise de Collins
Le gendarme britannique de la concurrence estime que les concessions fournies par le groupe français pourraient suffire à apaiser ses craintes. -
Danica réintègre 30 entreprises de la défense à son univers d’investissement
Le fonds de pension danois les sort de sa liste d’exclusions pour contribuer au financement de l’Europe de la défense et de la sécurité.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions