
Les assurances chômage font leur entrée dans les assemblées générales

Bonne nouvelle. Les ordres du jour des assemblées générales 2019 sont réduits. En moyenne, ils comptent 17 résolutions, contre 26 l’an dernier, pour les 118 sociétés du CAC All Tradable (sur 315) ayant publié leur convocation, selon L’Hebdo des AG. Notamment, les autorisations financières ont été réduites aux seules résolutions effectivement utilisées. En revanche, la rémunération des dirigeants confirme son rôle prépondérant, avec une résolution sur deux (48%) sur ce sujet, contre 40% en 2018.
«La fragmentation des sujets de rémunération va à l’inverse des propositions des investisseurs et des proxys, et des remarques de l’opinion publique, qui n’arrive plus à comprendre combien gagne un dirigeant, relève Bénédicte Hautefort, éditrice de L’Hebdo des AG, craignant que cette complexité déclenche la méfiance des actionnaires. Pas moins de huit sujets de rémunérations par dirigeant seront traités en AG. En 2017, ils se limitaient à cinq : le say on pay, la politique de rémunération, les parachutes, les retraites, les actions de performance ou stock-options ou BSA. «Les ‘parachutes’, qui ont failli disparaître lors de la campagne électorale de 2017, reviennent en force, poursuit Bénédicte Hautefort. Ils concernaient 13% des sociétés en 2017, mais 23% en 2018 et 2019.»
En 2018, se sont ajoutées les indemnités de non-concurrence. Elles sont présentes dans une société sur dix. Auparavant, «ces indemnités étaient intégrées dans les parachutes, rappelle L’Hebdo des AG. Notamment Société générale, Eurazeo, Europcar, Mercyalis et Nexans les ont mises au vote cette année».
Et cette année, apparaissent en plus les primes exceptionnelles non anticipées et les assurances chômage. «Deux sujets imprévus, qui peuvent être mal compris», poursuit Bénédicte Hautefort. En particulier, Nexans, Thales, Chargeurs et Le Bélier proposent une assurance chômage pour leur dirigeant. «Pour plusieurs cabinets d’avocats, ces résolutions répondent à un souci de transparence, en soumettant ces contrats, qui existent depuis longtemps, au régime des conventions réglementées ; mais les actionnaires vont avoir besoin de comprendre pourquoi on leur a dit plusieurs années de suite que les ‘parachutes’ existaient parce que l’assurance chômage ne pouvait s’appliquer à un dirigeant», confie Bénédicte Hautefort.
Les primes exceptionnelles non anticipées devront être clairement expliquées, à partir du moment où elles n’étaient pas incluses dans la politique de vote approuvée l’année précédente. «Elles sont souvent liées à une acquisition majeure, précise Bénédicte Hautefort. Pour ne pas décrédibiliser les politiques de vote ‘ex ante’, une solution serait de pouvoir prévoir ce cas de figure; mais pour l’instant les proxys sont contre». Après Airbus la semaine dernière, Imerys et Thales ont également prévu de proposer une telle prime.
Quant aux stock-options, enterrées par beaucoup, elles reviennent en force. Près d’une société sur quatre (23%) contre 6% en 2018 et 3% en 2017 prévoient d’en attribuer. Notamment Air Liquide, Atos, Bouygues, Saint-Gobain et Total. Et en même temps, une société sur deux (49%) va accorder des actions de performance, contre 35% en 2018 et 17% en 2017. Un mouvement attendu qui s’explique par des mesures fiscales favorables, précise L’Hebdo des AG.
Enfin, les plans de succession ne sont plus tabous. Davantage de sociétés les présentent, à l’instar de Bouygues, Capgemini ou Sanofi.
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