Le patron de Nvidia fait dévisser les valeurs liées à l’ordinateur quantique

Jensen Huang a estimé que cette nouvelle technologie ne serait pas mature avant une vingtaine d’années, entraînant la chute boursière de Rigetti Computing, D-Wave Quantum et consorts.
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IonQ est un spécialiste de l'ordinateur quantique coté à New York  -  Duhon Photography LLC / IonQ

Lorque le dirigeant d’une entreprise valorisée 3.400 milliards de dollars et à la pointe de la potentielle nouvelle révolution technologique parle, on l'écoute.

Ainsi, quelques mots du PDG de Nvidia, Jensen Huang, ont suffi mercredi 8 janvier pour faire chuter tout un secteur. Le fondateur de la star de l’intelligence artificielle (IA) a estimé que l’utilisation pratique des ordinateurs quantiques n’interviendrait probablement pas avant deux décennies.

La longue attente décrite par Jensen Huang pour des «ordinateurs quantiques très utiles» a jeté un froid sur un secteur qui est censé dépenser des millions de dollars supplémentaires pour développer cette technologie, qui pour le moment, n’est capable de réaliser que des calculs de niche.

«Si vous dites 15 ans... c’est probablement un peu tôt. Si vous dites 30 ans, c’est probablement un peu tard. Mais si vous disiez 20 ans, je pense qu’un grand nombre d’entre nous y croiraient», a-t-il indiqué mardi soir au sujet de l’horizon de maturité des ordinateurs quantiques.

Envolée avortée

En réaction quatre valeurs du secteur cotées à Wall Street se sont effondrées mercredi après-midi. Vers 17h30, Rigetti Computing, D-Wave Quantum, Quantum Computing et IonQ chutaient tous de près de 50%, effaçant au passage environ 11 milliards de dollars de capitalisation boursière. Les quatre valeurs ont clôturé respectivement en baisse de 45%, 36%, 43%, 39%

Ces titres avaient profité d’un véritable engouement des investisseurs pour l’ordinateur quantique ces derniers mois. Avant leur chute du 8 janvier, Rigetti Computing, D-Wave et Quantum avaient vu leur cours multiplié par plus de dix depuis novembre et celui de IonQ avait été multiplié par 3,3.

Le secteur a notamment profité d’une annonce très médiatisée de Google sur le sujet. En décembre, le géant de l’informatique a dévoilé une puce de nouvelle génération qui, selon ses dires, a permis de résoudre en cinq minutes un problème informatique qui aurait pris plus de temps à un ordinateur classique que l’histoire de l’univers.

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En avril, Microsoft et Quantinuum avaient également déclaré avoir franchi une étape clé pour faire des ordinateurs quantiques une réalité commerciale, mais n’ont pas précisé combien d’années il faudrait encore pour battre un superordinateur classique utilisant la technologie.

«Tout dollar qui se porte sur les actions de l’informatique quantique ne se porte pas sur les actions de l’IA», a toutefois fait remarquer Thomas Hayes, président de Great Hill Capital, selon des propos rapportés par Reuters. «Jensen Huang a jeté un voile sur l’histoire de l’informatique quantique et a fait tout ce qu’il pouvait pour vendre l’histoire de l’IA. C’est aussi simple que cela», a-t-il estimé.

«Le délai de 15 à 20 ans semble très réaliste», reconnaît toutefois Ivana Delevska, responsable des investissements chez Spear Invest, qui détient des actions de Rigetti et de IonQ dans un ETF à gestion active. «C’est à peu près ce qu’il a fallu à Nvidia pour développer l’informatique accélérée».

(Avec Reuters)

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