La gouvernance de Soitec fait fuir les investisseurs

Julien Marion, Agefi-Dow Jones
Soitec est un fabricant français de plaques de silicium sur isolant, situé dans l’Isère.
Soitec est un fabricant français de plaques de silicium sur isolant, situé dans l’Isère.  -  Soitec

L’action du fabricant de matériaux semi-conducteurs Soitec chute jeudi à la Bourse de Paris, la nomination du nouveau directeur général étant perçue comme une importante source d’incertitudes pour les investisseurs.

A 11h45, le titre Soitec abandonnait 16,4% à 171,40 euros.

Le fabricant de matériaux semi-conducteurs a annoncé mercredi la nomination de Pierre Barnabé au poste de directeur général, à compter de l’assemblée générale prévue en juillet 2022. Pierre Barnabé, actuellement en charge de la division Big Data et Cybersécurité chez Atos, prendra ainsi la succession de Paul Boudre, qui dirige Soitec depuis 2015.

Cette nomination a provoqué l’ire des membres du comité exécutif de Soitec, qui regrettent «l’opacité» et «la précipitation» de ce processus de succession dans une lettre adressée au conseil d’administration du groupe et à laquelle l’agence Agefi-Dow Jones a eu accès.

«Le comité de direction de Soitec déplore la prise de contrôle de Soitec par le président du conseil d’administration depuis trois ans, qui culmine aujourd’hui avec la nomination incompréhensible d’un nouveau directeur général», peut-on lire dans cette lettre. «Le comité exécutif affiche donc son total désaccord avec le chemin sur lequel le président du conseil d’administration s’est engagé» et «estime très difficile de poursuivre toute collaboration avec un homme qui a définitivement perdu sa confiance», poursuivent les dirigeants dans cette missive.

Contacté, un porte-parole de Soitec n’a pas fait de commentaire.

Paul Boudre, artisan du redressement

Oddo BHF estime que ce changement de directeur général constitue une surprise. L’intermédiaire financier considère que cette décision engendre «de nombreuses interrogations», notamment sur la feuille de route à moyen terme ou sur la politique d’acquisitions. Le courtier a abaissé son objectif de cours sur le titre à 240 euros contre 280 euros précédemment et a sorti la valeur de sa liste de convictions sur les capitalisations moyennes.

Berenberg, pour sa part estime que cette annonce est «décevante» dans la mesure où Paul Boudre a permis à l’action de progresser de plus de 1.200% depuis sa prise de fonction en tant que directeur général.

«Nous pensons qu’il a joué un rôle déterminant dans l'évolution du groupe, qui est passé d’une entreprise perpétuellement déficitaire, qui levait régulièrement des fonds sur les marchés des capitaux et les gaspillait ensuite en grande partie, à l’entreprise à croissance rapide, rentable et génératrice de trésorerie qu’elle est aujourd’hui», développe la banque allemande.

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