La fusion nucléaire aurait franchi une étape clé

La recherche scientifique qui essaie de maitriser une nouvelle forme de production d’énergie aux potentiels gigantesques pourrait avoir enregistré un succès historique aux Etats-Unis.
Johann Corric
Fusion nucléaire, lawrence livermore national laboratory
Le Lawrence Livermore National Laboratory aurait réussi à créer plus d’énergie qu’apportée dans une expérience de fusion nucléaire.  -  John Jett and Jake Long/LLNL

Une bonne nouvelle pour finir l’année ? Selon de nombreux médias, le Département de l’énergie américain (DoE) serait sur le point de révéler une grande avancée scientifique dans la recherche de la maîtrise de la fusion nucléaire. Lors d’un point presse prévu demain, le DoE pourrait dévoiler que le Lawrence Livermore National Laboratory, basé en Californie, aurait réussi à créer plus d’énergie qu’il n’en a fourni au combustible utilisé pour créer la réaction de fusion. Le rapport se situerait entre 1 et 1,2 fois l’énergie apportée.

«Un seuil symbolique après lequel on court depuis 75 ans», s’enthousiasme Greg de Temmerman, directeur général de Zenon Research et ancien coordinateur scientifique d’Iter. Jusqu’à présent, les tentatives pour créer de l’énergie grâce à la fusion d’atome de deuterium et de tritium (deux isotopes de l’hydrogène) n’avaient pas permis d’obtenir plus d’énergie que celle apportée pour entraîner la réaction en chaîne. «Le record précédent s’établissait à 0,7 fois», précise Greg de Temmerman.

Ce résultat a été obtenu grâce à une technologie dite par «confinement inertiel». Contrairement à celle plus classique par «confinement magnétique» - utilisée par Iter notamment – qui cherche à créer la réaction en chauffant les atomes, la fusion par inertie les comprime, le plus souvent grâce à des rayons laser, pour obtenir de mini explosions nucléaires.

Loin d’un réacteur

Le succès remporté par le laboratoire américain pourrait, s’il est confirmé, renforcer l’attrait pour les start-up de la fusion nucléaire qui ont annoncé plusieurs centaines de millions de dollars de levées de fonds cette année. Les entreprises positionnées sur la technologie «inertielle», comme Marvel Fusion en Allemagne ou First Light Fusion au Royaume-Uni, apparaissent comme les mieux placées pour en profiter.

Aussi encourageante soit-elle, cette annonce ne signifie pas pour autant que la maîtrise de la fusion nucléaire en tant que nouvelle source de production d’énergie soit à portée de main. Ni même que la fusion par inertie n’y parvienne avant celle par confinement magnétique. «On est quand même encore très loin d’un réacteur à fusion», reconnaît Greg de Temmerman. Pour atteindre un niveau industriel «il faudra un niveau d’amplification bien plus élevé, de l’ordre de 50 à 100 fois l’énergie apportée et de nombreux défis doivent encore être surmontés pour réussir à maintenir une réaction stable, particulièrement en utilisant la technologie par confinement inertiel».

«La recherche portant sur la fusion inertielle a été moins explorée, historiquement, en raison notamment de sa vocation militaire. Il s’agit d’une technologie intéressante pour la production d’énergie mais les défis à relever sont importants. Pour être viable, elle devra être capable de réaliser une vingtaine de mini explosions par seconde alors que jusqu’à récemment les expériences menées mettaient des semaines à se remettre d’une seule mini explosion», ajoute Alain Becoulet, physicien et responsable de l’ingénierie du programme Iter.

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