
La crise énergétique s’étend aux régies municipales outre-Rhin

Après avoir renfloué plusieurs grandes ‘utilities’, l’Allemagne devra encore mettre la main à la poche pour venir en aide à des acteurs moins connus mais indispensables au fonctionnement de l’ensemble des services publics du pays. Il s’agit des 900 fournisseurs régionaux et régies municipales (Stadtwerke) qui approvisionnent les consommateurs finaux en électricité, en gaz, en eau chaude ou en chauffage. En tant que dernier maillon de la chaîne des entreprises en charge de fournir de l’énergie aux PME et aux ménages, ces intervenants distribuent les deux tiers des volumes de gaz consommés outre-Rhin. Leur mission s’étend dans certains cas à la collecte et au traitement des déchets ainsi qu’aux transports publics.
«Nous avons besoin d’un soutien urgent pour assurer la liquidité des régies municipales qui sont désormais contraintes de se fournir en gaz à un prix multiplié par dix par rapport au niveau habituel, avant de pouvoir le revendre», a déclaré jeudi à Reuters Ingbert Liebing, directeur général de la Fédération allemande des régies municipales (VKU), ajoutant que l’accès au financement bancaire était parfois devenu impossible. Contrairement aux grands intervenants du secteur énergétique, ces entités peinent à avoir accès au fonds de 100 milliards d’euros mis en place par la banque publique KfW.
En plus des cautions financières qu’elles sont de plus en plus souvent amenées à fournir pour sécuriser leur activité, les régies sont confrontées à une explosion des défauts de paiement de la part des usagers. «Le taux de défaut est passé de moins de 1% en temps normal à plus de 10% dans certains cas, ce qui réduit alors à néant les bénéfices», a souligné le dirigeant. Le ministère allemand de l’Economie a indiqué à l’agence de presse que des discussions avaient débuté entre Berlin et les Länder mais qu’aucune décision n’avait été prise à ce stade.
Les montants en jeu atteindront plusieurs dizaines de milliards d’euros, estime Ingbert Liebing pour lequel «le plus important est que l’Etat fédéral reconnaisse la nécessité d’agir». Les besoins de financement des ‘utilities’ locales pourraient ainsi dépasser les 29 milliards d’euros consacrés au sauvetage d’Uniper. La participation des Länder à ce nouveau programme de sauvetage semble néanmoins acquise. En Rhénanie-Westphalie, respectivement 67% de la fourniture de gaz et 62% de celle du courant émanent des régies municipales. Ces dernières doivent donc impérativement préserver leur capacité d’action.
Plus d'articles du même thème
-
Le gaz naturel sera au centre des négociations sur les droits de douane
Les tarifs commerciaux pourraient être conditionnés aux contrats sur le GNL américain si les pays européens et asiatiques souhaitent en faire un levier de négociation avec les Etats-Unis. La volatilité va rester la règle pendant quelques mois. Au-delà, une croissance de l’offre supérieure à la demande devrait progressivement faire baisser les prix. -
Le fonds norvégien mise 1,4 milliard d’euros sur l’éolien en Mer du Nord
L’investisseur souverain fait affaire avec l’énergéticien RWE pour prendre une participation de 49% dans deux projets en construction. -
Les pétroliers privilégient leurs actionnaires au risque de sacrifier l’avenir
En Europe, les géants de l’or noir réduisent leurs investissements, notamment dans la transition énergétique, pendant que leurs pairs américains continuent à se focaliser uniquement sur l’exploitation d’hydrocarbures.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions