
KKR allume la mèche chez Telecom Italia

Le private equity confirme son intérêt pour les télécoms. Telecom Italia (TIM) a annoncé dimanche que son conseil d’administration avait examiné une offre d’achat non contraignante de 10,8 milliards d’euros de KKR. Le fonds américain propose 50 centimes d’euro par action, soit une prime de 45,7% par rapport au cours de clôture de vendredi.
Le groupe de capital-investissement connait bien l’opérateur : il a pris en 2020 une participation de 37,5% - moyennant 1,8 milliard d’euros - dans le réseau fixe dit du « dernier kilomètre » (Fibercop), celui menant jusqu’au client, de Telecom Italia.
Cette offre intervient dans un contexte agité pour TIM : son administrateur délégué, Luigi Gubitosi, est bousculé, notamment par son premier actionnaire Vivendi, à la suite de deux avertissements sur résultats en trois mois.
Pour Vivendi, qui détient 24% de l’opérateur, ce qui lui donne une voix prépondérante, l’offre de KKR est insuffisante, selon un proche du groupe de médias français, cité par Reuters. A ce prix, Vivendi subirait une forte moins-value sur sa participation pour laquelle il a dépensé en moyenne 1,071 euro par action. Selon le Corriere della Sera , qui a révélé dimanche les intentions de KKR sur TIM, Vivendi pourrait chercher à monter une contre-offre avec le fonds CVC, scénario démenti par une source proche du groupe.
Lourdement endetté, à hauteur de quelque 29 milliards d’euros, TIM a vu ses revenus plonger dans un contexte de guerre des prix dans les télécoms italiens. Vendredi, S&P a dégradé la note de crédit long terme du groupe à « BB » contre « BB+ » en raison de la baisse de ses résultats.
Dans l’incapacité d’endiguer l’hémorragie des revenus, Luigi Gubitosi a commencé à chercher des moyens de valoriser des actifs de TIM. Il avait cherché à monter un réseau unique de fibre optique en Italie, en associant l’opérateur historique italien et son concurrent soutenu par l’Etat Open Fiber. Parrainé par le gouvernement précédent, ce projet avait échoué sous le gouvernement de Mario Draghi.
Dans son propre projet, KKR proposerait à TIM d’isoler son réseau fixe pour être géré comme un actif régulé par le gouvernement selon le modèle utilisé par Terna ou Snam, deux gestionnaires de réseaux d'énergie, selon Reuters, qui cite deux sources proches du dossier.
Toutefois, le plan de KKR ne pourra se concrétiser qu’avec le feu vert du gouvernement, car Rome dispose de pouvoirs anti-OPA spéciaux pour protéger les entreprises jugées d’importance stratégique contre les offres étrangères.
Plus d'articles du même thème
-
La coentreprise entre Orange et MasMovil pourrait rejoindre la Bourse espagnole
Les deux opérateurs ont fusionné il y a un an. Les discussions seraient menées par les fonds de private equity KKR, Cinven et Providence, qui sont actionnaires de MasMovil. -
Le groupe Iliad poursuit son ébouriffante croissance
Le groupe français de télécoms créé par Xavier Niel a dépassé en 2024 les 10 milliards d'euros de chiffre d’affaires, et compte 50 millions d'abonnés sur ses trois principaux marchés, la France, l'Italie et la Pologne. -
Vivendi accélère son désengagement de Telecom Italia
L'ex-conglomérat a annoncé, vendredi 21 mars au soir, qu'il a réduit sa participation dans Telecom Italia (TIM), détenant désormais 13,87% de son capital. Il pourrait même la réduire ce trimestre à 5%.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions