
Disney est cloué au pilori par l’investisseur activiste Nelson Peltz

Walt Disney va devoir batailler avec l’investisseur activiste Nelson Peltz, prêt à en découdre pour contester la stratégie du groupe et le leadership du très populaire Bob Iger. Le cofondateur de Trian Fund Management a déposé des documents auprès de la SEC, le régulateur américain des marchés financiers, pour obtenir un siège au conseil d’administration de Disney. Avec en ligne de mire la prochaine assemblée annuelle des actionnaires – la précédente s’était tenue le 9 mars 2022. Disney, lui, a déjà dit refuser catégoriquement cette candidature : il a recommandé à ses actionnaires de voter contre.
Son conseil vient en outre de désigner un nouveau président en la personne de Mark Parker, ancien président et CEO de l'équipementier sportif Nike, qui sera lui aussi soumis au vote des investisseurs. Il succède à Susan Arnold, dont le mandat venait à échéance.
Ce nouvel affrontement avec Trian intervient alors que le groupe de divertissement est confronté à plusieurs vents contraires. Côté gouvernance, il a dû faire revenir précipitamment son ancien dirigeant Bob Iger à sa tête fin novembre dernier, congédiant du même coup son successeur Bob Chapek, nommé en février 2020. Ce qui avait été interprété par les analystes comme un signe de manque d’anticipation de la succession. La firme de Burbank voulait précisément les rassurer face à ses mauvais résultats annuels de l’exercice 2021-2022, clos fin septembre, et une polémique sur une loi interdisant d’enseigner à l’école primaire en Floride des sujets liés à l’orientation sexuelle, sur laquelle Bob Chapek avait trop tardé à prendre position.
Nelson Peltz sait qu’il pourra se faire entendre. Il s’est déjà imposé au conseil d’administration de firmes telles qu’Unilever, lnvesco et Procter & Gamble, poussant des plans pour les rendre plus efficaces.
Trian Fund Management détient environ 9,4 millions d’actions Disney, pour 900 millions de dollars (832 millions d’euros), ce qui équivaut à une participation d’environ 0,5%.
Disney, une «entreprise en crise»
Dans une déclaration sans fard, publiée sur son site mercredi, Trian souligne que Disney est «une entreprise en crise» dont l’action «a chuté de 39% au cours des 52 dernières semaines et se négocie à ses plus bas niveaux depuis huit ans». Cela reflète à ses yeux plusieurs problèmes de gestion d’entreprise. Il épingle les «mauvaises pratiques de gouvernance», dont un «plan de succession raté», la «mauvaise stratégie», avec un «manque de discipline des coûts».
Trian relève aussi que Disney a payé trop cher le rachat des actifs de divertissement de la 21st Century Fox en 2019 – il avait alors déboursé quelque 71 milliards de dollars.
Il critique aussi vivement la stratégie de streaming vidéo de Disney – ce segment accusait 1,47 milliard de dollars de pertes au troisième trimestre 2022 - affirmant qu’elle «a du mal à gagner en rentabilité, malgré des revenus similaires à ceux de Netflix et un avantage sur la propriété intellectuelle significatif».
Nelson Peltz préconise le désendettement de Disney et le rétablissement du dividende de l’entreprise d’ici à 2025. Le fonds activiste a même lancé un site web dédié, «Restore the Magic», pour faire passer le message.
Le géant des médias est aussi sous la pression du fonds activiste Third Point, qui demande lui aussi des changements dans son conseil d’administration. L’été dernier, l’investisseur Dan Loeb, avait adressé une missive à Bob Chapek, fort d’un investissement de l’ordre de 1 milliard de dollars en actions Disney. Il suggérait au groupe plusieurs options, dont celle de réduire son endettement, qui atteignait 46 milliards de dollars.
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