
Denis Kessler restera président de Scor jusqu’en 2024

Ça passe pour Denis Kessler. Les actionnaires de Scor, réunis mercredi pour l’assemblée générale du réassureur français, ont voté à plus de 77% la résolution qui propose la modification des statuts de la société afin de porter la limite d’âge du président du conseil d’administration de 70 à 72 ans. Le quorum s’élevait à plus de 75%. Cette modification permet à Denis Kessler, qui a fêté ses 70 ans le 25 mars dernier, de conserver la présidence du groupe jusqu’à l’assemblée générale de 2024.
Lors de l’assemblée générale de 2021, Scor avait acté la dissociation des fonctions de président et de directeur général, une demande récurrente de plusieurs actionnaires, et Denis Kessler, qui avait aussi vu son mandat d’administrateur renouvelé jusqu’en 2024, n’occupe plus que le poste de président depuis le 1er juillet 2021 après avoir été président-directeur général pendant presque 19 ans, Laurent Rousseau étant finalement devenu directeur général. Le réassureur justifiait ce maintien pour «assurer la continuité de la stratégie du groupe» et «perpétuer ses valeurs».
«Cette modification permet d’assurer la période de transition, la stabilité et la continuité à la tête du groupe», a encore insisté Fabrice Brégier, président du comité des nominations, lors de l’assemblée générale, tout en précisant que cette modification «interviendrait en parallèle du plan de lancement de succession du président». «Le comité de nominations a débuté ses travaux et s’est réuni pour fixer les contours du processus. L’objectif est d’identifier avant la fin de l’année 2023 la personne à même de succéder à Denis Kessler, une succession qui interviendra au plus tard lors de l’assemblée générale de 2024», conclut l’administrateur. Scor s’appuiera pour cela sur l’aide d’un cabinet externe et «s’engage à tenir informé du bon déroulement du processus et à annoncer le nom dès qu’une décision sera prise».
Soutien de Covéa
Les actionnaires sont allés à l’encontre de l’avis des agences de conseil en vote. Si ISS appelait à voter en faveur de la résolution, avec toutefois une certaine réserve, Glass Lewis et Proxinvest conseillaient aux actionnaires de voter contre. Le premier souligne que la modification était au profit d’une seule personne alors que le second explique que Laurent Rousseau n’a pas besoin d’être supervisé ou assisté par Denis Kessler.
Le fonds activiste français CIAM, qui détient moins de 1% de Scor et a critiqué à de nombreuses reprises la gouvernance du groupe ces dernières années, retient plutôt les 23% d’actionnaires qui ont voté contre la modification des statuts. Un chiffre «qui devrait interpeller le Conseil d’administration de Scor pour améliorer son fonctionnement». Dans une lettre destinée au conseil d’administration de Scor, il avait critiqué le projet de résolution qui traduisait selon lui «la poursuite d’une gouvernance inféodée et concentrée» entre les mains de Denis Kessler. «CIAM souligne que des actionnaires importants comme Norges Bank Investment Management ou CalPERS, s’y sont notamment opposés. Sans le soutien de Covéa, désormais automatique et négocié contre l’intérêt des actionnaires minoritaires, la résolution aurait été rejetée», réagit-il.
Rémunération
La rémunération de Denis Kessler fera une nouvelle fois débat. Si la résolution concernant la rémunération qui lui est due au titre de l’exercice 2021 comme président de Scor depuis le 1er juillet 2021 a été soutenue par 93,62% des votes, celle concernant sa rémunération comme président directeur général du groupe jusqu’au 30 juin 2021 n’a recueilli que 58,38% des votes. Pour CIAM, cette «forte contestation» souligne «une fois encore les sérieuses inquiétudes des actionnaires envers la gouvernance de Scor». Elle avait été approuvée à 55,6% en 2021 au titre de l’exercice 2020.
Pour les six premiers mois de l’année 2021, la rémunération de Denis Kessler atteint 1,58 millions d’euros, dont 600.000 euros de base fixe, 564.600 de bonus pour un taux d’atteinte des objectifs de 94,1% et une rémunération de long terme de 316.460 euros correspondant à l’attribution de 13.875 actions et 8.300 stock-options.
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