Chez Boeing, la gouvernance fait du rase-mottes

Direction, conseil d’administration, actionnaires : tous les échelons de la gouvernance de l’avionneur américain ont failli. L'éditorial d’Alexandre Garabedian.
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Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L'Agefi  - 

Etre augmenté de 45% au soir de sa carrière pour avoir présidé une entreprise en perte, incapable d’assurer la sécurité de ses clients, c’est possible. Dave Calhoun, le PDG de Boeing, lâchera les commandes du constructeur en fin d’année, non sans avoir réussi l’exploit de faire voter sa rémunération et son mandat d’administrateur lors de l’assemblée générale annuelle du groupe, le 17 mai. Un gros tiers d’actionnaires ont voté contre l’enveloppe de 33 millions de dollars attribuée au dirigeant au titre de l’année écoulée. Le score est assez élevé pour que la presse américaine puisse parler de révolte, mais insuffisant pour changer la donne.

La démocratie du capitalisme a été respectée, argueront les défenseurs de Dave Calhoun. Ce formalisme ne préserve pas le système de mourir de ses excès. A tous les échelons, la gouvernance de Boeing a failli. La direction affiche un bilan médiocre, mais se trouve récompensée. Le conseil d’administration approuve les yeux fermés, mais peut s’exonérer de toute responsabilité en se retranchant derrière les dizaines de pages qui explicitent les modalités de calcul du bonus du PDG. Celles-ci sont assez complexes pour faire gagner les managers à tous les coups, les critères éthiques – diversité, économies d’énergie – ayant compensé en 2023 l’impact des mauvaises performances financières.

Et pour justifier les montants versés, il suffit de comparer ses pratiques à ses pairs, un mécanisme dont l’effet inflationniste n’est plus à démontrer. Boeing prend comme référence 19 entreprises américaines, mais juge inutile d’intégrer dans cet échantillon son premier concurrent, l’européen Airbus, qui lui taille des croupières sur ses marchés et en Bourse !

Quant aux actionnaires, pourtant malmenés depuis cinq ans, leur coupable indifférence interpelle. Difficile d’attribuer leur léthargie au seul poids de la gestion passive : les deux grandes agences de conseil en vote, ISS et Glass Lewis, plutôt suivies par les fonds indiciels, appelaient à sanctionner la direction. Des investisseurs actifs, comme le fonds de pension californien Calstrs, ont même soutenu les résolutions présentées par l’avionneur. Leurs ayants droit apprécieront.

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