
Bolloré réfléchit à céder ses activités logistiques en Afrique

Le Groupe Bolloré réfléchirait à un mouvement historique. Selon Le Monde de vendredi dernier, il envisage de céder ses activités de logistique en Afrique et a chargé la banque d’affaires Morgan Stanley de sonder l’intérêt de repreneurs potentiels. La branche serait valorisée entre 2 et 3 milliards d’euros, selon le journal.
Le français CMA CGM et le danois Maersk, parmi les principaux acteurs du transport maritime mondial, étudient déjà le dossier tandis que l’exploitant portuaire Dubai Ports World et le chinois Cosco Shipping, gestionnaire du port grec du Pirée, pourraient également se mettre sur les rangs, ajoute Le Monde.
La cession de cette activité historique interviendrait à un moment charnière pour Vincent Bolloré, qui a étendu ces dernières années son emprise sur le secteur de la communication et des médias, au travers notamment de ses prises de participations dans les groupes Vivendi et Lagardère. La récente scission d’Universal Music Group (UMG) de Vivendi lui a également permis de mieux valoriser son patrimoine.
«Vincent Bolloré n’est pas du genre à refuser une très belle offre [sur Bolloré Africa Logistics, ndlr], même si cela laisserait essentiellement dans le groupe qui porte son nom la communication, autrement dit Vivendi, le stockage d'électricité et des participations financières. Inversement, font remarquer les habitués, rien ne dit que la transaction ira à son terme », souligne Le Monde.
Contacté par l’agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole de Bolloré a indiqué que le groupe ne commentait pas les rumeurs de marché. Des porte-parole de Maersk et CMA CGM n'étaient pas en mesure d’apporter un commentaire dans l’immédiat.
A la Bourse de Paris, le cours de l’action Bolloré a gagné 2,27% à 5,19 euros.
Actifs historiques
Bolloré doit célébrer le 17 février 2022 le bicentenaire de la fondation des Papeteries Bolloré, près de Quimper sur les bords de l’Odet, berceau du groupe familial. Vincent Bolloré a annoncé qu’il prendrait sa retraite à l’occasion de cet anniversaire pour passer définitivement la main à ses fils Cyrille et Yannick, déjà aux commandes opérationnelles du Groupe Bolloré et de Vivendi.
Bolloré Africa Logistics a été constitué au gré des acquisitions du groupe, dont celles de la Scac en 1986, de Delmas Vieljeux en 1991 puis de Saga quelques mois plus tard. « Bolloré Africa Logistics est présent dans 42 ports, et opère dans le cadre de concessions 16 terminaux à conteneurs, 2 terminaux à bois et un terminal fluvial, auxquels vient s’ajouter une activité de manutention conventionnelle », indique Bolloré sur son site internet. Il dispose également d’un réseau de 85 agences maritimes et opère trois concessions ferroviaires en Afrique.
Bolloré Africa Logistics a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros, selon le rapport annuel du groupe.
Risques judiciaires
Cette possible cession interviendrait alors que le Groupe Bolloré a payé début 2021, dans le cadre d’une convention judiciaire intérêt public (CJIP), une amende de 12 millions d’euros pour mettre fin à une enquête pour « corruption » en Afrique. En revanche, Vincent Bolloré, poursuivi à titre personnel, devra être jugé après que le tribunal judiciaire a refusé d’homologuer la CJIP le concernant. Mis en examen en 2018, Vincent Bolloré avait reconnu sa culpabilité pour des faits de corruption active d’agent public étranger et complicité d’abus de confiance en Afrique. Il avait accepté de payer une amende de 375.000 euros.
Selon Le Monde, ces procédures compliquent les affaires du groupe en Afrique, les règles d’anticorruption empêchant de nombreuses sociétés de travailler avec ses entreprises condamnées pour de tels faits.
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