
Au chevet de Casino, le financier n’est pas celui qu’on pense

Quand une entreprise brûle plus d’un milliard de cash par an, mieux vaut pour son repreneur avoir les reins solides. En quelques jours, les actionnaires et les créanciers de Casino ont dû admettre l’inéluctable après des années de fuite en avant financière de la part du distributeur stéphanois surendetté. Pour ces parties prenantes, les deux offres de reprise qui sont arrivées mardi sur le bureau du groupe, de la part du tandem Kretinsky-Fimalac et du trio Niel-Pigasse-Zouari (3F), se révèlent, sans surprise, impitoyables. Mais elles traduisent aussi des stratégies bien différentes pour l’avenir du propriétaire de Monoprix.
Depuis des mois, les milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière personnifient le camp des financiers. Face à cet attelage franco-tchèque, le trio tricolore, un temps associé à la coopérative Teract, passe pour celui des sauveurs de la patrie et des industriels. Moez-Alexandre Zouari a commencé sa carrière en rachetant une supérette parisienne, avant de devenir le plus grand franchisé de Casino et de bâtir un empire de la distribution.
A la lecture du détail des offres, la plus financière des deux n’est pourtant pas celle qu’on pense. Le duo Kretinsky-Fimalac compte en effet injecter 1,35 milliard d’euros d’argent frais dans Casino, dont plus de 900 millions sur ses propres deniers. Chez 3F, dont la proposition n’est pas encore ferme, l’apport de «new money» atteint 900 millions, pour moitié seulement sous forme d’actions. Au sein de cette enveloppe, la mise de fonds effective des trois hommes d’affaires se limitera à 175 millions d’euros. L’offre Kretinsky-Fimalac prévoit aussi la conversion en capital d’une part bien plus importante des créances sécurisées – les prêts et les lignes de crédit – dans le cadre de la restructuration complète du bilan de Casino.
Le résultat de ces opérations ? Dans le premier cas, la dette brute du distributeur serait ramenée à un peu plus de 2 milliards d’euros cette année et 770 millions l’an prochain. Avec 3F, elle diminuerait moins fortement, à près de 3,7 milliards en 2023 et 2,7 milliards d’euros en 2024. Les frais financiers seraient à l’avenant : 153 millions en cash cette année dans le scénario Kretinsky-Fimalac, 336 millions dans l’autre, qui seraient en majeure partie capitalisés comme on le voit dans certains rachats à effet de levier (LBO). Avec une mise de départ moindre et un recours plus prononcé à la dette, l’offre 3F laisserait donc espérer à ses promoteurs une belle plus-value sur leur investissement initial. A condition que Casino réussisse son redressement.
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