
Amber Capital augmente la pression sur Lagardère

Deux semaines avant la présentation des résultats annuels de Lagardère, Amber Capital augmente la pression sur le groupe de distribution et de médias. Le concert conclu par différents fonds de la société de gestion dirigée par Joseph Oughourlian a franchi le seuil des 10% au capital de Lagardère. Il détient précisément 10,58% du capital et 7,93% des droits de vote, selon une déclaration faite à l’Autorité des marchés financiers (AMF) publiée mercredi matin.
Amber devient ainsi le deuxième actionnaire de Lagardère, derrière le fonds souverain Qatar Investment Authority (13%) mais devant Arnaud Lagardère, le gérant éponyme du groupe. Sa société Lagardère Capital & Management (LC&M) détient 7,33% du capital. Arnaud Lagardère reste toutefois devant Amber en termes de droits de vote avec 10,78%.
Amber indique avoir acheté les actions sur le marché. Début décembre, le fonds détenait 6,73% du capital et 5,05% des droits de vote de Lagardère.
Depuis son entrée au capital de Lagardère en 2016, Amber réclame une refonte de la gouvernance et de la stratégie de Lagardère, toujours organisé sous forme de société en commandite par actions (SCA). Dans l’avis AMF publié ce matin, Amber rappelle qu’avec ce statut de SCA « seule la gérance a le pouvoir d’agir sur la stratégie de la société ». Or, le fonds constate « que Lagardère sous-performe ses indices et autres acteurs comparables depuis 2003, et que pour pouvoir renouer avec une dynamique de création de valeur sur le long terme qui bénéficiera à l’ensemble des parties prenantes, il est essentiel de revoir la gouvernance actuelle et sa stratégie ».
La commandite visée
Dans cette optique, Amber envisage de « promouvoir la mise en œuvre par la gérance d’opérations (...) afin d’envisager des modifications statutaires pour transformer Lagardère en société anonyme et améliorer sa gouvernance ». Le fonds songe aussi à demander la résiliation de « la convention d’assistance conclue en 2004 entre Lagardère Ressources et Lagardère Capital & Management dont l’intérêt social pour le groupe n’est pas démontré ». Ces propositions pourraient être soumises lors de la prochaine assemblée générale du groupe. A cette même AG, Amber compte solliciter la nomination « d’un ou de plusieurs nouveaux membres » au conseil de surveillance de Lagardère.
Amber avait déjà tenté lors de l’AG 2018 de faire élire de nouveaux administrateurs au conseil de Lagardère. Les résolutions avaient été rejetées, le Qatar choisissant au dernier moment de voter contre.
Contacté par L’Agefi, Amber ne fait aucun commentaire au-delà de ce qui est écrit dans la déclaration d’intention.
La montée d’Amber au capital de Lagardère intervient dans un contexte de tensions avec la direction du groupe de médias. En octobre dernier, Lagardère avait annoncé avoir porté plainte contre Amber, l’accusant d’avoir mené une « campagne de déstabilisation » à son encontre. Le groupe réclame 84 millions d’euros au fonds britannique en guise de réparations.
Quelques jours plus tard, le tribunal de commerce de Paris avait enjoint à Arnaud Lagardère, associé gérant du groupe de médias, de publier les comptes de sa société personnelle LC&M, à la suite d’une requête d’Amber. LC&M a fait appel et n’a toujours pas publié ses comptes, ce qui lui vaut de payer une astreinte de 2.000 euros par jour.
En fin de matinée, le cours de l’action Lagardère progressait de 0,60% à 18,36 euros.
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