
Airbus surfe sur les ailes de l’A320

Airbus ravit une nouvelle fois le marché. L’action du groupe européen aéronautique a décollé de 6,3% jeudi, à 109 euros, soit la plus forte progression du CAC 40 et du SBF 120. Le titre de l’ex-EADS est porté à la fois par d’excellents résultats trimestriels ainsi que par l’annonce d’un objectif de production mensuel de 75 appareils pour sa famille A320 en 2025.
Sur les trois premiers mois de l’exercice 2022, Airbus a dégagé un bénéfice net de 1,22 milliard d’euros. Mesure clef de la rentabilité du groupe, le résultat opérationnel (Ebit) ajusté s’est établi à 1,26 milliards d’euros, soit 75% de plus que le chiffre de 719 millions d’euros attendu en moyenne par les analystes.
Jefferies souligne que cet écart est dû en partie à des éléments exceptionnels. Mais même en retraitant l’impact de ces éléments, la banque estime que le groupe a dépassé les attentes de 20%, qualifiant cette performance de «robuste». La génération de trésorerie s’est établie à 213 millions d’euros au premier trimestre, là aussi nettement au-dessus des prévisions des analystes qui tablaient sur un chiffre de 124 millions d’euros, note UBS.
«Une bonne surprise»
Au-delà des résultats financiers, le marché apprécie surtout l’annonce du nouvel objectif de production sur la famille A320, le best-seller d’Airbus. Le groupe a indiqué mercredi viser une cadence de production de 75 monocouloirs de cette famille par mois en 2025 et un objectif de 65 à l'été 2023. Selon un analyste, cette production porte sur environ 50 appareils par mois à l’heure actuelle.
Morgan Stanley évoque «une bonne surprise». La banque américaine explique qu’avant cette annonce, le consensus des analystes tablait sur 802 livraisons d’A320 en 2025, ce qui correspondait à un rythme de 70 avions produits chaque mois.
«C’est une très bonne nouvelle», juge de son côté Romain Pierredon, analyste au sein du bureau d'études indépendant AlphaValue. «Des questions entouraient la capacité d’Airbus à atteindre un tel rythme de production, avec notamment des interrogations sur la santé financière de ses plus petits fournisseurs. L’annonce du groupe vient dissiper ces craintes», explique-t-il.
Le président exécutif d’Airbus, Guillaume Faury, a indiqué, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes, que cette montée en cadence industrielle s’accompagnerait d’investissements sur les différents sites du groupe. «Nous avons besoin de davantage de capacités de ligne d’assemblage final (FAL)», a-t-il expliqué. Le site de Mobile, aux Etats-Unis, sera doté d’une seconde ligne finale d’assemblage de la famille A320, a-t-il annoncé. «Airbus n’aura a priori pas besoin de passer d’investissements trop lourds, en se contentant d’augmenter les capacités sur ses sites existants», note Romain Pierredon.
Une chaîne logistique à surveiller
L’avionneur ne devra néanmoins pas décevoir le marché dans la réalisation de cette trajectoire. Citi estime que le doute subsiste sur l’atteinte d’un tel objectif de production, même si la banque américaine, manifestement rassurée sur sa faisabilité, considère qu’il s’agit désormais d’une question d’exécution pour Airbus et sa chaîne d’approvisionnement.
«Le groupe devra s’assurer que l’ensemble de sa chaîne logistique suive la cadence et également mener sans accroc ses campagnes de recrutement», explique Romain Pierredon. «Ils ont clairement le carnet de commandes pour tenir ce rythme mais il faudra que l’ensemble de leurs fournisseurs, notamment les plus petits, parviennent à suivre cette cadence», abonde un autre analyste.
La trajectoire d’Airbus sera surveillée par le marché. Mais pour l’heure, l’avionneur livre de bons signaux à ses actionnaires qui devraient conforter l’optimisme des bureaux d'études, dont 90% recommandent d’acheter le titre. JPMorgan Cazenove a même relevé mercredi soir son objectif de cours sur le titre à 180 euros, ce qui confère un potentiel de plus de 60% à la valeur.
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