
Boeing chute lourdement en Bourse après un incident sur un avion

Le géant américain de l’aéronautique est affecté par une nouvelle faille de sécurité. Vendredi, la porte d’un avion Boeing 737 MAX 9 s’est détachée en plein vol.
En réaction, la Federal Aviation Administration a ordonné samedi l’immobilisation temporaire au sol de 171 Boeing équipés du même panneau après que l’avion d’Alaska Airlines, vieux de huit semaines, a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence en raison d’un trou dans le fuselage. «Ils resteront cloués au sol jusqu'à ce que la FAA soit convaincue qu’ils sont sûrs», a déclaré l’agence dans un communiqué dimanche.
En Bourse, les investisseurs ont lourdement sanctionné Boeing pour cette nouvelle déconvenue. En début de séance, l’action de l’avionneur plongeait de 8,5% à Wall Street. A l’inverse, en Europe, Airbus profitait des déboires de son principal concurrent. A la Bourse de Paris, le titre du constructeur grimpait de 2,5% et prenait la tête de l’indice CAC 40 lundi dans l’après-midi.
Dans le détail, le bouchon de la porte a arraché le côté gauche d’un avion Boeing d’Alaska Airlines après le décollage de Portland (Oregon) à destination d’Ontario (Californie), obligeant les pilotes à faire demi-tour et à atterrir en toute sécurité avec les 171 passagers et les six membres d'équipage à bord.
La force de décompression du 737 MAX 9 a été telle qu’elle a fait exploser la porte du cockpit, selon une personne informée de l’enquête.
Boeing sous surveillance
L’accident a de nouveau placé Boeing sous surveillance alors qu’il attend la certification de son petit MAX 7 et de son plus grand MAX 10, nécessaire pour concurrencer un modèle clé d’Airbus.
Samedi, la FAA a d’abord indiqué que les inspections requises prendraient de quatre à huit heures, ce qui a conduit de nombreux acteurs du secteur à penser que les avions pourraient être remis en service très rapidement.
Toutefois, la FAA et Boeing doivent encore se mettre d’accord sur les critères des contrôles, ce qui signifie que les compagnies aériennes n’ont pas encore reçu d’instructions détaillées, ont indiqué des personnes au fait du dossier.
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La FAA doit approuver les critères d’inspection de Boeing avant que les inspections puissent être terminées et que les avions puissent reprendre leurs vols.
Sur les 171 avions concernés par l’ordonnance, 144 sont exploités aux États-Unis, selon les données de la société d’analyse aéronautique Cirium. Turkish Airlines, Copa Airlines (Panama) et Aeromexico ont indiqué qu’ils immobilisaient les avions concernés.
En règle générale, lorsque les constructeurs d’avions commandent des contrôles de maintenance de routine, ils font approuver à l’avance les documents par les autorités de réglementation.
Mais comme la réaction à l’incident inattendu d’Alaska Airlines a été relativement rapide, Boeing n’a pas encore obtenu l’approbation de la FAA pour indiquer aux compagnies aériennes comment exécuter l’ordre du régulateur.
C’est la FAA qui a le dernier mot sur la manière dont l’ordre est mis en œuvre.
Vols annulés
Alaska Airlines a déclaré dimanche qu’elle «attendait simplement les instructions de la FAA et de Boeing pour que nos inspections puissent commencer». La compagnie aérienne a annulé 170 vols, affectant près de 25.000 clients, et a déclaré que les perturbations dues à l’immobilisation des avions devraient durer au moins jusqu’en milieu de semaine.
United Airlines a annulé 230 vols dimanche, soit 8% des départs prévus, après avoir immobilisé ses 79 737 MAX 9 dans l’attente des directives d’inspection.
En 2019, les autorités mondiales avaient soumis tous les avions MAX à une interdiction de vol plus large qui a duré 20 mois après que des crashs en Éthiopie et en Indonésie liés à un logiciel de cockpit mal conçu ont tué 346 personnes au total.
Boeing a livré 214 exemplaires du modèle 737 MAX 9, soit 15% des plus de 1.300 avions MAX en service, dont la plupart peuvent encore voler, y compris des jets 737 MAX 9 avec des portes ordinaires au lieu des panneaux de remplacement.
Le fuselage des Boeing 737 est fabriqué par la société Spirit AeroSystems, basée au Kansas, qui a également fabriqué et installé le bouchon qui a explosé.
(Avec Reuters)
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