
Theresa May a perdu son pari

La chute est significative et pourrait être lourde de conséquences pour Theresa May. Le Parti conservateur a remporté hier la victoire lors des élections législatives anticipées au Royaume-Uni mais verrait sa majorité réduite, selon un sondage de sortie des urnes. Les conservateurs de la Première ministre Theresa May obtiendraient 314 sièges à la Chambre des communes, douze sièges de moins que la majorité absolue, alors qu’ils en avaient 330 dans l’assemblée sortante. Les résultats officiels peuvent encore varier, et même donner une majorité absolue aux conservateurs, mais «même en prenant une marge d’erreur de 15 sièges –comme cela a été le cas en 2015- nous doutons qu’une majorité conservatrice très fine soit suffisante pour imposer une stabilité politique», observe Viraj Patel, stratégiste devise chez ING.
Les marchés ont fortement réagi à l’annonce, la livre sterling perdant jusqu’à 1,9% face au dollar, avant de se stabiliser à 1,277 dollar, en repli de plus de 1,3%. «Même si les conservateurs parviennent à obtenir une petite majorité absolue, nous ne voyons aucune raison pour que le sterling se négocie au-dessus de son niveau précédant l’annonce d’élections anticipées de 1,26 dollar», note Samuel Tombs, économiste chez Pantheon Macro. Theresa May espérait en effet ressortir de ces élections anticipées avec l’appui d’une majorité renforcée, lui laissant des marges de manœuvre plus importantes pour négocier le Brexit. Un tel résultat, longtemps prédit par les sondages d’opinion, était regardé favorablement par les marchés, la livre s’étant depuis appréciée de 3% face au dollar.
La victoire en demi-teinte des conservateurs risque principalement de compliquer les négociations sur le Brexit censées débuter le 19 juin. «La courte majorité des conservateurs aura des répercussions sur le leadership de la Première ministre Theresa May, qui sera probablement remis en cause par des parlementaires plus eurosceptiques, ce qui pourrait entraîner la nomination d’un nouveau chef du gouvernement», souligne Rowena Geraghty, analyste obligations souveraines chez Standish Mellon, filiale de BNY Mellon. «Nous anticipons une dépréciation de la livre sterling sur fond d’inquiétudes concernant la possibilité d’une sortie de l’UE sans accord, tandis que les emprunts d’Etat resteront exposés aux sautes d’humeur des marchés.» Une prédiction partagée par Samuel Tombs, selon qui «les marchés auront raison de se soucier de l’influence que conserveront les eurosceptiques les plus durs sur les négociations, augmentant les chances d’un Brexit très dur».
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