Teleperformance s’effondre en Bourse à cause d’une enquête en Colombie

Craignant un scénario à la «Orpea», les investisseurs fuient massivement la valeur après l’annonce de l’ouverture d’une enquête sur les conditions de travail des salariés de Teleperformance en Colombie.
Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones
Teleperformance  est le leader mondial des centres de contacts externalisés -  centre d’appels - téléprospection - SAV - service clients -
Telperformance a effacé 5 milliards d’euros de capitalisation boursière en quelques heures.  -  Crédit Fotolia.

La cotation de l’action Teleperformance a été suspendue jeudi en fin de matinée, alors que le gestionnaire de centres d’appels fait l’objet d’une enquête du ministère colombien du Travail.

La cotation est suspendue «à la demande de la société, dans l’attente de la publication d’un communiqué de presse et jusqu'à nouvel avis», a indiqué l’opérateur de la Bourse de Paris, Euronext, dans un communiqué.

Avant la suspension de sa cotation, l’action Teleperformance s’effondrait de 33,9%, à 175,95 euros.

«Beaucoup de fonds ESG (environnement, social et gouvernance) ont décidé de solder leur position sans attendre d’avoir plus d’informations au sujet de cette enquête, alors que d’autres investisseurs ont fui en faisant le parallèle avec ‘l’affaire Orpea’», commente un opérateur de marché.

«Nous avons officiellement décidé d’ouvrir une enquête contre Teleperformance», a indiqué Edwin Palma Egea, vice-ministre colombien en charge des Relations du travail, sur Twitter. «Nous avons notifié l’entreprise et invitons tous les travailleurs et organisations syndicales du pays à nous fournir des preuves de violations présumées des règles du travail», a ajouté le vice-ministre.

Teleperformance réagit

En réaction à ces informations, Teleperformance a annoncé jeudi affecter un montant de 150 millions d’euros à un programme de rachat d’actions, le gestionnaire de centres d’appels considérant qu’après la chute, son cours de Bourse constitue «une allocation opportune de sa trésorerie».

«A ce jour, le groupe n’a reçu aucune notification officielle de la part du gouvernement colombien», a assuré le groupe dans son communiqué. Par ailleurs, il s’est dit «confiant sur les résultats d’un tel contrôle, l'équipe de direction de la filiale en Colombie ayant toujours développé la société dans le respect de la loi».

Teleperformance a par ailleurs indiqué qu’il allait demander la reprise de la cotation de ses actions «au plus vite».

Le géant des centres d’appels est présent en Colombie depuis 2009 et le rachat de la société Teledatos. Au 31 décembre 2021, le groupe comptait 42.544 salariés dans le pays, soit 10,2% de ses effectifs totaux. Il n’y a qu’en Inde et aux Philippines que Teleperformance emploie plus de personnes qu’en Colombie.

La «controverse TikTok»

L'été dernier, le respect du droit du travail chez Teleperformance avait déjà été remis en question. Selon différentes informations de presse, les salariés de Teleperformance ne gagneraient que 10 dollars américains par jour pour modérer les contenus de TikTok, le réseau social du groupe chinois ByteDance. Dans le cadre de leurs formations, les travailleurs auraient été régulièrement exposés à des vidéos montrant des meurtres et des actes de violence ou des abus sexuels commis sur des enfants. En outre, les tentatives de syndicalisation de ces employés se seraient heurtées à des intimidations et à des menaces.

A l’occasion d’une rencontre organisée lundi avec Oddo BHF, les dirigeants de Teleperformance se sont montrés «rassurants» au sujet de la «controverse TikTok», a écrit l’intermédiaire financier dans une note envoyée à ses clients.

Les dirigeants de Teleperformance ont envoyé à leurs actionnaires une lettre indiquant qu’un audit externe commandé par la société n’avait pas révélé l’existence de contenus répréhensibles dans les documents transmis aux employés, selon Oddo BHF. A la lumière des éléments actuels, la «controverse TikTok» ne relève pas d’une défaillance structurelle dans l’activité de modération de contenus de Teleperformance, a poursuivi l’intermédiaire financier.

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